AYIDJRIN KA ABA

AYIDJRIN KA ABA

Seule la lutte libère

 

Nous sommes le 31 Octobre 2014 au pays des hommes intègres. Ce jour-là, le peuple se lève. Depuis longtemps la colère grondait, le peuple se lamentait et les signes avant-coureur d’une révolte étaient visibles. Les vicissitudes de la vie ne parvenaient pas à éteindre la sourde révolte qui se préparait. Les soubresauts de l’affaire Norbert Zongo, les émeutes de la faim, les mutineries étaient les prémices d’une probable révolution. Porté par une société civile active et organisée au sein du collectif « Balai citoyen », le peuple burkinabé se préparait à entrer dans l’histoire par la grande porte. Loin de l’inaction des fameux réseaux sociaux et de leur simulacre de révolution, c’est dans la rue que ce peuple va aller chercher et arracher le départ du maitre de Kossiam. Ce Pouvoir qu’on croyait immuable, inébranlable a lui aussi chuté.

 

L’inefficacité de la révolte 2.0

 

De l’autre côté de la frontière, sur la terre d’Eburnie, le peuple lui aussi gronde, mais reste faible, inactif et subit l’émergence à marche forcée. De loin, il regarde les exilés politiques mourir ; de loin il compte le nombre de jours de prison de nombreux anonymes. Son quotidien lui ne s’améliore pas, les kilomètres de bitume n’auront rien changé, l’émergence reste un luxe qui ne se partage pas. Face à cette situation, le peuple d’Eburnie pense avoir trouvé la voie : pour l’Ivoirien la révolution sera numérique. Les pétitions se suivent, les hastag se succèdent, les statuts de contestation se multiplient, les vidéos s’enchaînent, en vain.

Le pouvoir lui ne craint pas un peuple qui ne sait plus se battre pour ses droits, les mesures gouvernementales plus injustes les unes que les autres s’égrainent dans le silence désarmant d’un peuple qui semble avoir perdu son courage. Internet est devenu le mur de ses lamentations, mais aussi le symbole de sa faiblesse.

 

Une contestation en manque de leadership

 

La démission des élites ne se discute plus. Trop peureuses, trop frileuses, elles ont choisi leur camp. Elles refusent tout positionnement critique, tout effort de réflexion lui semble désormais dangereux. Elles refusent de prendre la place qui leur est dévolue et de mener le combat qui est le leur. Les réseaux sociaux sont pour elles le moyen de montrer qu’elles profitent de l’émergence, qui pour elle, est bien réelle n’en déplaise à toutes ces familles qui n’arrivent toujours pas à vivre convenablement.

Le terrain de la contestation ayant été laissé vacant par les élites, celles-ci sont remplacées sur internet par des porte-paroles qui de par la faiblesse de leur argumentaire ne font qu’entériner le nivellement par le bas de notre société. On est loin de cette Côte d’Ivoire des années 70 où la contestation était portée par Zadi Zaourou ou encore par le professeur Memel-Fotê.

 

S’organiser pour résister

 

À l’instar du Balai Citoyen au Burkina, la société civile ivoirienne doit s’organiser et faire émerger un réel contre-pouvoir pour empêcher que des décisions injustes soient prises en son nom, mais sans elle. La société civile doit comprendre que face à la démission de ses représentants, elle doit prendre ses responsabilités en s’impliquant concrètement sur le terrain et en employant tous les moyens pour faire entendre sa voix. Revendiquer, s’informer, manifester, boycotter, s’organiser, marcher, proposer, débattre.

Les réseaux sociaux doivent être utilisés de manière efficace, ils doivent servir de caisse de résonance aux revendications, ils doivent aider à mutualiser les forces et ne doivent en aucun cas remplacer la contestation frontale. Un hastag aussi viral soit-il ne fera jamais fléchir un gouvernement.

Face à un pouvoir qui frôle parfois l’autoritarisme, le risque est grand et les sacrifices à faire importants ; mais refuser de se confronter à ce pouvoir, refuser de se lever c’est accepter de subir demain les conséquences de notre léthargie.

 

« L’esclave qui n’assume pas sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort, seule la lutte libère »

 

NJA


09/05/2016
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LE VACARME DU SILENCE

En attendant l’émergence tant espérée, la Côte d’Ivoire se terre dans le silence, plus aucun bruit, rien ne doit enrayer la mécanique. On se tait. Le bruit, le vacarme des jours passés nous hantent et le silence d’aujourd’hui nous rassure. Dans cette Côte d’Ivoire muette deux silences cohabitent sans se voir et s’entendre.

 

 

Le silence triste d’une Côte d’Ivoire majoritaire qui continue de lutter pour vivre une vie décente. Son silence la rend invisible. La faim, la misère, les difficultés du quotidien restent le dénominateur commun de cette Côte d’ Ivoire. Trop préoccupée à survivre, elle ne bronche plus, n’arrive plus à crier son désarroi. Après 10 ans de crise, fatiguée, épuisée, éreintée et durement touchée, seule, elle panse ses plaies et prend le temps de cicatriser. Elle ne croit plus aux promesses, fataliste ; l’émergence reste pour elle un mirage. Fatiguée de mourir pour des enjeux qu’elle ne maitrise pas et trop longtemps utilisée comme variable d’ajustement, désormais cette Côte d’Ivoire aura pour seule arme son silence.

 

Le silence assourdissant d’une Côte d’ivoire minoritaire qui semble être la seule bénéficiaire de l’émergence. Elle est le symbole de cette nouvelle Côte d’Ivoire, on la voit et l’entend partout. Son silence lui donne l’illusion d’être majoritaire. Trop Heureuse de jouir toute seule des fruits d’une Côte d’Ivoire retrouvée, elle a aussi perdu sa voix. Elle préfère se taire, elle ne sait plus contredire car trop occupée à conserver ses privilèges et trop effrayée à l’idée de les perdre. Son silence par moment reste incompréhensible mais bien réel. Après 10 ans de crise elle réclame aussi le droit de se reposer, mais en oubliant ses devoirs. Cette Côte d’Ivoire semble avoir gagné la guerre du silence.

 

 

Dans cette collusion de silences, la Côte d’Ivoire se perd sans s’être déjà trouvée. Aujourd’hui comme en France les Ivoiriens font leurs courses à Carrefour, achètent leurs vêtements à la Halle, mangent au Burger King, font  la queue à la FNAC pour le dernier livre de Marc Levy payent leur forfait téléphonique à Orange et regardent la Champions League sur Canal +. Voici le chemin sur lequel le silence nous conduit, la Côte d’Ivoire n’est plus qu’une pâle copie de son ancien colonisateur.

 

Dans cette Côte d’Ivoire muette, tous ont perdu leur voix. Plus personne pour critiquer ou pour questionner avec pertinence cette vision de la Côte d’Ivoire que l’on nous propose. Les élites intellectuelles semblent avoir démissionné ou sont tout simplement inaudibles. Le pouvoir politique est sans idéologie et les partis d’opposition n’ont eux aucun fondement théorique. Les grandes questions sur le modèle de société, sur le système éducatif, sur la politique monétaire, sur la stratégie économique sont absentes du débat ou pas assez présentes. La Côte d’Ivoire se construit sans base idéologique, la Côte d’Ivoire se construit sans ligne directrice, sans que les élites intellectuelles ne s’en offusquent. On se tait car on apprécie mieux l’émergence dans le silence.

 

Toutes les institutions « démocratiques » sont inféodées au pouvoir en place et, par souci de conservation, préfèrent se taire. L’assemblée nationale, principal pilier du débat démocratique, ne débat plus, mais enregistre, n’interroge plus, mais obéit silencieusement. Les partis d’opposition censés apporter la contradiction nécessaire à la vie « démocratique » ne jouent plus leur rôle. La presse quant à elle manque trop souvent d’objectivité et de rigueur. Les syndicats sont quant à eux à la recherche de leur passé. La société civile reste trop peu organisée pour pouvoir être entendue. En Côte d’Ivoire, les contre-pouvoirs se taisent ou parlent trop faiblement pour être entendu, perpétuant ainsi  la dynamique du silence. Qui pour soulever les questions sur la pertinence de  l’attribution des licences 4G ? Qui pour prendre la défense des commerçants locaux face à la grande distribution ? Qui pour questionner l’Etat sur la mise en place effective de l’école obligatoire ? Qui pour soulever la question toujours épineuse du foncier dans l’ouest de la Côte d’Ivoire ? Le silence est aujourd’hui le seul leader d’opinion et le seul contre-pouvoir.

 

Triste ou assourdissant, le silence doit être rompu pour ne pas subir demain. Sortir de ce mutisme, critiquer, s’insurger, questionner et agir sur le terrain pour éviter d’être condamné par le silence.

 

NJA

 

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06/01/2016
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Cette Côte d'Ivoire qui gagne

 Chronique d’une décennie que l’on croyait perdue (2000-2010)

 

«  En deux ans seulement les paysans vont en boîte, l’école est devenue cadeau, cacao a marché la troisième année qu’on devait prendre pour percer là vous avez pris pour faire palabre… »

               C’est par ces paroles que le chanteur Pat Sako du groupe Zouglou espoir 2000 présente la situation de la Côte d’Ivoire entre les années 2000 et 2002. En effet après une décennie 90 mouvementée politiquement avec la mort du père de la nation (Nanan Boigny)  et un coup d’état, le nouveau millénaire s’annonce sous de meilleurs auspices. En 2000 la Côte d’Ivoire élit pour la première fois un président de manière démocratique. En 2000 on parle de refondation, finis les barons de l’ancien régime (PDCI) une nouvelle caste prend le pouvoir, celle des professeurs. En 2000 on parle de la gratuité de l’école, en 2000 on parle de couverture maladie universelle, en 2000 on parle de la libéralisation de la filière café cacao, en 2000 le troisième pont semble devenir une réalité et en 2001 on organise le forum de réconciliation. La Côte d’Ivoire semble de retour en ce début du millénaire.

               Mais les murmures d’une chute brutale se font entendre, une rébellion serait en préparation au Burkina-Faso, les signes d’une déflagration se font plus visibles. Balla Keita l’ancien ministre de l’éducation est assassiné au Burkina-Faso le 1er Aout 2002. Les refondateurs en pleine refondation se font surprendre  dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 ; la Côte d’Ivoire sombre dans l’horreur et le chaos. C’est le début de ce que beaucoup appelleront la décennie perdue en Côte d’Ivoire. Les rêves de refondation s’évaporent. En une nuit le pays est coupé en deux, les bourreaux du pays s’appellent, Cherif Ousmane, Wattao, Ib, Koné Zacharia, Tuo Fozié, « Bogota » alias Soro Guillaume ( Est ce que pour revendiquer on a besoin de tuer ?). Ces mouvements rebelles sèment la terreur, violent, pillent, tuent et  décapitent. De nombreuses familles ivoiriennes prennent le chemin de l’exil, la capitale Abidjan accueille de nombreux réfugiés.

               La décennie semble être celle des pleurs et des larmes. Le bruit des armes remplace le chant des oiseaux, la poudre des armes remplace la poussière des rues. C’est dans cette atmosphère de terreur et de déclin que le génie ivoirien va se manifester avec un éclat sans pareil. Pendant 10 ans sous la menace des balles, Abidjan influencera l’Afrique et même le monde. C’est des plus grandes tragédies que naissent les plus belles inspirations.

 

Génération Douk saga

« Le 19 septembre en 2002 le malheur venait juste de frapper la Côte d’Ivoire. Des coups de fusils par –ci, des canons par là, tous étonnés on nous annonce la mort de Boga (ministre de l’intérieur) de Marcellin Yacé (Arrangeur de génie) et du général Guei (ex chef de la junte militaire) des centaines de personnes sont tombées cette nuit là. On était choqués on a beaucoup pleurés ça faisait pitié on était tous abattus comme le messie arriva un jeune homme avec son bataillon armé de joie et de gaité comment il s’appelle ? Doukouré Stéphane qu’est ce qu’il a crée ? La sagacité »

         L’année 2002 marque l’apparition du mouvement coupé décalé style musical sorti des boites de nuit parisiennes en particulier de l’Atlantis. Emmené par de jeunes ivoiriens au train de vie tapageur et aux activités parfois illicites, le coupé décalé se répand en Côte d’Ivoire comme une trainée de poudre. Les ivoiriens s’accrochent à ce genre musical qui leur permet d’oublier le bruit des  balles. Les membres de la Jet Set, le président Douk Saga  (la pointure au-dessus), Molaré, Boro Sangui, Lino versage, Kuyo Junior, sont les nouveaux visages de la musique ivoirienne.

               Dans leur sillage émergent des DJ qui vont être les fers de lance du mouvement coupé décalé. Les ivoiriens se souviennent encore de la Dream team dj  avec son titre « Abidjan» et de Dj Jacob et son mythique titre « réconciliation ». Le coupé décalé se nourrira de plusieurs danses ou même concepts , on parlera de la prudencia de Don Mike le gourou , du sentiment moko de dj Caloudji ( Elle est jolie on dirait la cousine de la nièce de la maman de moko), du Fatigué Fatigué de francky Dicaprio, du Seka Seka de Marechal dj, du boucan de Molaré, du faro-faro, du coupé décalé chinois du président Douk Saga , du glissement Yobi Yobi de consty dj et biensûr de la célèbre  grippe aviaire de Dj Lewis ( pendant que ça agit ailleurs nous on prend pour faire concept). Cette liste n’est pas et ne peut être exhaustive tant la créativité des ivoiriens en cette période est prolifique. Pas une semaine ne passe sans que ne naisse un nouveau concept ou une nouvelle danse. On danse la colgata ou encore Guantanamo et même le konami. Chipeur le renard du célèbre dessin animé Dora l’exploratrice est détourné par les artistes coupé décalé.  D’Abidjan à Ouagadougou  en passant par Bamako, Libreville et Dakar le coupé décalé s’impose reléguant le n’dombolo zaïrois au statut d’antiquité. La musique ivoirienne est au sommet en cette première décennie du  21ième siècle.

               Les esprits chagrins critiqueront le coupé décalé lui reprochant d’avoir eu une mauvaise influence sur la jeunesse ivoirienne mais n’oublions pas que le RAP US fut lui aussi critiqué pour ces mêmes raisons, il n’en demeure pas moins qu’il reste une référence culturelle pour les USA tout comme l’est le coupé décalé. Dans une période où la peine et la tristesse ravageaient les ivoiriens, le coupé décalé a su leur faire oublier un temps soit peu leurs soucis. Merci aux faiseurs de Coupé Décalé !!

 

Des Stars Mondiales

               A partir de l’année 2000, de nombreux artistes vont faire rayonner la musique ivoirienne de part le monde. Deux artistes symbolisent ce rayonnement, le groupe Magic System et Tiken Jah le descendant de Fakoly.

Les Magic system après le succès national rencontré avec leur tube « Premier Gaou » se lancent à la conquête du marché mondial. Après donc l’Afrique le titre premier Gaou triomphe en Europe ; c’est le début d’une aventure musicale fantastique. Les magiciens emmenés par leur leader A’salfo vendent des millions de disques à travers le monde et portent haut le flambeau de la musique ivoirienne.

               Dans un tout autre registre musical,  Tiken Jah le descendant de Fakoly va exporter le reggae ivoirien avec ses textes percutants et dépeignant avec une froide lucidité les soubresauts politiques qui secouent l’Afrique et en particulier la Côte d’Ivoire. Son reggae aux sonorités mandingues fera de lui une star  dans le monde. La Côte d’Ivoire a désormais deux star du reggae Alpha Blondy et Tiken Jah. En 2003 lorsqu’il reçoit une victoire de la musique en France c’est toute la Côte d’Ivoire qui est honorée. Pendant que les balles sifflent en Côte d’ivoire Tiken Jah joue son rôle d’artiste et utilise son art pour dénoncer : «  Après l’abolition de l’esclavage Ils ont créé la colonisation Lorsque l’on a trouvé la solution, Ils ont créé la coopération Comme on dénonce cette situation. Ils ont créé la mondialisation. Et sans expliquer la mondialisation, C’est Babylone qui nous exploite ».

 

 

Soft Power

               En 2002 au plus fort de la crise une petite production télévisuelle ivoirienne créée et scénarisée par la talentueuse Akissi Delta  va faire le bonheur des ivoiriens.  Tous les dimanches soirs à 19h30 la RTI (radiotélévision ivoirienne) diffuse une série humoristique : Ma famille. Cette série va connaître très rapidement un succès national. A l’approche de l’heure de diffusion Abidjan devient silencieux ; on se rue pour suivre les aventures de Bohiri, de Delta, de Cléclé ou encore de Gohou. C’est dans cette série que les ivoiriens découvrent  l’existence d’un port à Abobo c’est aussi dans cette série que  Decauthey  souhaite se faire doter par sa femme. Delta la femme trompée mais digne touche les ivoiriens, Cléclé qui tient d’une main de fer son mari Gohou impressionne et Marie-Laure trouve toujours le moyen de nous faire sourire.  De nombreux humoristes de talent vont se révéler grâce à cette série,(Digbeu cravate ou Abbass).Le succès national va bientôt se transformer en succès continental ; dans toutes les capitales d’Afrique de l’ouest et même d’Europe on connait les répliques de Gohou on suit les escapades amoureuses de Bohiri et on souffre à la place de Delta. Ma famille devient une véritable sucess story ivoirienne !!

               Cette décennie va aussi marquer l’essor de nombreux humoristes qui envahiront la scène culturelle ivoirienne. Un duo va particulièrement faire rire les ivoiriens je vous laisse le découvrir ICI.

               Les ivoiriens vont se faire remarquer dans un autre domaine culturel, celui de la littérature. Cette décennie voit la consécration d’un monument de la littérature ivoirienne et africaine le géant Ahmadou Kourouma. Ecrivain en exil et auteur des ouvrages « le soleil des indépendances » et « en attendant le vote des bêtes sauvages ». En 2000 en pleine transition militaire, il reçoit le prix Renaudot et le Goncourt des lycéens pour son chef d’œuvre « Allah n’est pas obligé ». Ce monument  de la littérature s’éteindra en 2003 laissant à la Côte d’Ivoire un héritage littéraire considérable. En hommage à son talent un prix Ahmadou Kourouma est décerné au salon du livre et de la presse de Genève.  Ahmadou Kourouma connait un succès international mais que dire d’Isaie Biton Coulibaly l’auteur  « ah les femmes ». Il revient en 2005 avec une nouvelle œuvre : « et pourtant elle pleurait » qui reçoit le  Prix Yambo Ouelogueum des éditions Frat-Mat en 2008. Cette même année son livre « La bête noire » paru en 2007 est la meilleure vente de la Librairie de France.

               Après les romans,  la bande dessinée va faire parler de la Côte d’Ivoire. En 2005 le premier tome de la bande dessinée Aya de Yopougon paraît sous la plume de  Marguerite Abouet.  Cette bande dessinée raconte les aventures d’une jeune ivoirienne Aya qui vit dans l’un des quartiers les plus célèbres d’Abidjan : Yopougon. Dès sa parution la bande dessinée de Marguerite Abouet rencontre un immense succès et elle reçoit le prix du premier album de bande dessinée au festival d’Angoulême en 2006. Aya de Yopougon aura six volumes et exportera la culture ivoirienne dans le monde de Paris à Bruxelles en passant par Montréal on connait l’Hôtel Ivoire, la rue princesse, Solibra et  Yopougon devient la commune d’Abidjan la plus connue dans le monde !!

 

Création de richesse

               Sur le plan économique la Côte d’Ivoire est coupée en deux et se voit donc privé d’une partie importante de ses ressources. Mais le pays tient bon malgré les difficultés et la baisse des recettes, les fonctionnaires seront payés en temps et en heure pendant ces 10 années. La Côte d’Ivoire vacille mais ne plie pas, elle reste la locomotive économique de l’Afrique de l’ouest. C’est dans cette Côte d’Ivoire divisée, où  ou le climat pour les affaires est morose, que vont émerger de grands entrepreneurs. Ils s’appellent Jean Kacou Diagou avec le groupe NSIA qui devient au cours de cette décennie l’un des premiers assureurs ivoiriens, ou Fabrice Sawegnon qui avec son entreprise Voodoo communication devient au cours de cette décennie la première agence de communication d’Afrique de l’ouest francophone. On peut aussi citer  Stephane Eholie qui crée en 2001 la Simat ( société ivoirienne de manutention et de transit) une PME à capitaux 100% ivoiriens qui sera en 2007 l’une des premières PME ivoiriennes à être cotée à la bourse de paris et Bernard Koné Dossongui qui crée en 2002 le groupe atlantique Telecom, véritable touche à tout il est aussi présent dans le milieu bancaire à travers sa structure atlantique Financial group et dans l’agro-industrie. Sur le plan international l’élite intellectuelle ivoirienne va elle aussi briller. Ainsi en 2008 Thierry Tanoh diplômé de l'École supérieure de commerce d'Abidjan (ESCA) va être nommé vice-président de la société financière internationale et en 2009 c’est Tidjane Thiam qui devient le directeur général du groupe d’assurance Prudential.

 

Merci Jean Marc Guillou !!!

            En 1999 plus précisément le 07 février, la Côte d’Ivoire découvre au cours de la finale de la super coupe de la CAF une génération dorée de footballeurs formée à l’académie mimosifcom par Jean-Marc Guillou. Ces jeunes footballeurs qui remportent la super coupe de la CAF ce 07 Février vont faire le bonheur des supporters de l’un des principaux clubs de la ville d’Abidjan, l’ASEC mimosa, puis s’envoler vers les plus grands clubs d’Europe : Arsenal , FC Barcelone , Olympique de Marseille , Olympique lyonnais, Manchester City et j’en passe. Cette génération sera portée et incarnée par un homme : Didier Drogba, bien que n’étant pas issu de l’académie, sera le porte flambeau de cette génération qui fera connaître la Côte d’Ivoire par ses exploits sur tous les stades d’Europe. Sur le plan national ces joueurs vont faire rentrer le football ivoirien dans une autre dimension. Après un début de décennie où la sélection nationale végétait et n’était plus que l’ombre d’elle-même, l’année 2005 va marquer son renouveau. Emmenée par son génial capitaine Didier Drogba, la Côte d’Ivoire va se qualifier pour la première fois pour une coupe du monde en 2006, après un parcours éliminatoire rempli de suspens où la lutte avec le Cameroun de Samuel Eto’o restera dans les annales du football ivoirien. Cette qualification provoque une liesse populaire rarement vue en Côte d’ivoire le président de l’époque ira même de son petit commentaire voir. De Bouaké en territoire rebelle à Abidjan le peuple ivoirien fête cette qualification historique, la sélection va servir à partir de ce moment de ciment à l’unité du pays et devient l’un des rares espaces où les différences entre ivoiriens s’effacent.

               Après cet exploit historique les éléphants se retrouvent à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Egypte en 2006 où ils atteignent la finale qu’ils perdent au tir aux buts. S’en suit une série de déception notamment lors des CAN suivantes. Mais malgré ses déceptions en cette décennie 2000 la Côte d’Ivoire possède sans conteste la meilleur équipe de football en Afrique (du Monde ?!).Pendant 10 ans les éléphants  ont su fédérer derrière eux un peuple enclin à la division. Grâce à cette génération de joueurs la Côte d’Ivoire n’est plus uniquement  connue  pour ses événements tragiques mais aussi pour ses joueurs talentueux ,Zezeto, Aruna Dindanne, Yaya Touré , Kolo Touré,  Gervinho, Salomon Kalou, Keita Kader ( Popito)  Eboué Emmanuel , Zokora Didier (Maestro) et Didier Drogba.  L’histoire retiendra que c’est dans sa période la plus sombre que la Côte d’Ivoire a vu émerger sa plus belle génération de footballeur voir.

 

« On pisse sur les murs et puis ca ne va pas quelque part dans ce pays c’est comme ça tu vas faire comment » Garba 50

               Avec la guerre, les conditions  vie de la population ivoirienne se dégradent. Les élites au pouvoir dans leur tour d’ivoire semblent l’ignorer. Pendant que la crise fait rage ces élites dirigeantes mènent grand train.  Leurs richesses se fait de plus en plus insolentes pour une population qui peine parfois à se nourrir. De 2000 à 2010 en Côte d’Ivoire, on construit à tour de bras d’immenses demeures, on s’offre  des voitures de luxes (Maybach !), on organise des anniversaires dans un faste sans pareil. L’argent coule à flots mais seulement pour une caste. C’est l’essor des voitures 4x4 (RAV4 !) dans la ville d’Abidjan. Le parc automobile privé de certains ministres dépasse même parfois celui de leur ministère et tout ca au vu et au su de la population et comme le notera Pat Sacko( espoir 2000) dans sont titre  « trop c’est trop » dans la décennie 2000 plus besoin d’école pour devenir ministre. C’est toute la classe politique ivoirienne, tous partis confondus, qui vit dans ce luxe, PDCI,  RDR, FPI, UDPCI,  forces nouvelles (ex rebelles) tous s’enrichissent.

               En 10 ans les scandales se succèdent, le plus marquant est celui du Probo Koala ce bateau criminel qui déchargera sa cargaison de déchets toxiques dans toute la ville d’Abidjan. A côté de la décharge d’Akouedo la population se meurt en inhalant les effluves de ces déchets. Ce scandale pointe du doigt la corruption des dirigeants. Un autre scandale, va lui secouer la filière café-cacao. Les responsables de cette filière sont suspectés par la justice ivoirienne de détournements de fonds,  d’abus de confiance,  d’abus de biens sociaux et d’escroquerie. Les différents audits effectués feront état de la disparition de 370 milliard de F.cfa sur la période 2002-2008. En 2008 ceux que l’on appelle les barons de la filière café-cacao sont mis aux arrêts, il semble qu’ils n’auraient pas écouté les conseils du président de l’époque voir.

               Dans ce flot de scandales et d’enrichissement parfois illicite le génie ivoirien va une fois de plus se révéler pour dénoncer les excès du régime. C’est en chansons que cette dénonciation va se faire. Le Rap ou plus précisément le Rap abidjanais emmené par le groupe Garba 50 et l’artiste Billy Billy vont avec une prose habile et subtile mettre en avant les tares et les excès des dirigeants. Ils vont aussi être  les porte-paroles du peuple et dépeindre avec précision et parfois un humour noir le quotidien de bon nombre ivoiriens «  on est trop beaucoup dans salon de mon tonton ». Leurs titres « Survivant »  ou encore  « Allons à wassakara » sont des titres puissants et percutants qui donnent une voix au sans voix.

 

Ils s’appellent Didier Drogba,  Pat Sacko ,  Koné Dossongui, Petit Yode , Marguerite Abouet, Petit Denis, Stephane Eholié,  Akissi Delta , Billy Billy, Fabrice Sawegnon, Clementine Papouet, Gohou Michel , Digbeu cravate , Thierry Tanoh,  Ahmadou Kourouma , Jimmy danger , Magic System, Jean Kacou Diagou, Tiken jah , Yaya Touré , Isaie Biton Coulibaly,  Didier Zokora, Douk Saga , Tidjiane Thiam, Garba 50,  Ils ont tous  été au cours de la première décennie du XXIième siècle les symboles de cette Côte d’Ivoire qui gagne.

 

Je suis fier  d’être ivoirien

Nous sommes fiers d’être ivoirien.

 

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NJA


06/01/2016
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PLAIDOYER POUR LE RETOUR

 

 

 

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La jeunesse africaine formée dans les meilleures universités occidentales à l’obligation de rentrer en Afrique pour participer à l’émancipation économique et sociale du continent. Cette sentence au-delà du caractère impératif de sa forme est avant tout un conseil ou même plus une opportunité.

 

 

Une nécessité

Aujourd’hui comme le dit l’ancien ministre sénégalais Cheikh Tidiane Gadio « Tout le monde a compris que l’avenir est en Afrique sauf les africains ». La jeunesse africaine se questionne encore sur la capacité du continent à lui offrir un avenir radieux. La jeunesse africaine ne cesse de tergiverser et d’attendre un hypothétique « bon moment » pour rentrer, mais rendons nous à l’évidence : les conditions optimales du retour ne seront jamais réunies.

Qu’attendons-nous pour rentrer ? Que la corruption soit complètement éradiquée ? Que le climat des affaires soient stabilisé ? Que la justice devienne irréprochable ? Que toutes les armes de guerres aient disparu ? Ou attendons-nous que les infrastructures soient au standard européen ? Mais sur qui comptons-nous pour réaliser toutes ces choses ? Qui viendra construire nos musées ? Qui viendra mener une réforme du système judiciaire ? Qui mettra sur pied un système éducatif de qualité ? Qui luttera contre le chômage qui ravage nos populations ? Devrions-nous encore attendre des résolutions de l’ONU pour pacifier notre continent ?

Prenons exemple sur la génération de nos pères, ceux qui se sont battus dans les années 50 pour renverser l’ordre établi. Qu’aurait été le combat contre l’oppression coloniale si des illustres ainés comme Amilcar Cabral, Kwamé N’krumah, Jomo Kenyatta et j’en passe n’avaient pas décidé de retourner dans leur pays pour se battre contre l’emprise coloniale ? Comme nous ils auraient pu se contenter du confort d’une vie en occident sans se soucier de leurs peuples.  Mais à un moment de leur vie, ils ont fait un choix, ils ont pris un risque, ils ont décidé de mener un combat certes rude et harassant, mais oh combien excitant.  Nous sommes les enfants de cette prise de risque.

 

Des difficultés

Le challenge du développement de l’Afrique est passionnant, mais personne ne nie sa difficulté, personne ne nie les embûches que nous rencontrerons. L’insécurité, les tensions ethniques, la menace terroriste, l’avancée du désert,  la corruption érigée en norme, les rebellions justifiées et arrogantes, le paludisme, les rebelles désormais apôtres de la paix, la justice aux ordres et corrompue, le manque d’infrastructure de base, les pseudo-leaders en manque de vision, les crises humanitaires, la vision archaïque du rôle de la femme, la mortalité infantile, le SIDA.

Voici pour faire court ce à quoi nous serons confrontés lors de notre retour. OUI ! Le challenge est rude ! Mais embrasser ce challenge, le relever c’est offrir à nos enfants un avenir radieux et l’opportunité de grandir sur une terre pacifiée où tous leurs rêves seront réalisables, loin des turpitudes de notre temps. Ne leur laissons pas notre combat en héritage.

Le but ici n’est pas d’appeler à rentrer pour la forme, mais de rentrer avec une vision, avec un projet. Le retour est de rigueur, mais il doit être construit, pensé et s’inscrire dans une dynamique. La vision qui doit nous guider sur le chemin du retour est celle que partageait le commandant Ernesto Che Guevara : Elargir le champ des possibles. Notre objectif ultime doit être celui de rendre sa dignité à notre peuple en lui donnant les moyens de vivre une vie décente.

 

Un Espoir

Rentrer, investir, entreprendre, réussir et créer de la richesse en Afrique, ils sont nombreux à avoir suivi cet itinéraire et à nous montrer la voie. Les initiatives ne se comptent plus, la plateforme KODJI portée par de jeunes ivoiriens, la tablette éducative QUELASY, le site de vente en ligne JUMIA, la Chaine de café NEO, le Smartphone africain ELIKIA. Les exemples de réussite eux aussi ne se comptent plus, Aliko Dankoté, Yerim Sow, Koné Dossongui, Marie-Solange Sahoun, Charles Emmanuel Yacé. La liste  est encore longue et s’étend sur tout le contient. Le potentiel est là et ne demande qu’à être exploité. Les multinationales étrangères l’ont bien compris. On peut s’en rendre compte avec l’implantation du groupe Carrefour en Côte d’Ivoire, la création d’une chaine 100% africaine par le groupe Canal +, la création de radio commerciale par le groupe Lagardère sur le continent, l’entrée au capital d’ECOBANK de Qatar national Bank, l’implantation du cabinet d’avocat ORRICK en Côte d’Ivoire.

 

Partout l’Afrique bouillonne, l’Afrique est en mouvement. Ne nous limitons donc pas à un simple contrat de travail, à un  poste, un bureau au 29ième étage, à un  salaire qu’ils disent confortable, à un prêt immobilier, à un prêt à la consommation, ne nous contentons pas des illusions de la vie en occident. Comme le disait Le camarade capitaine Thomas Sankara « Osons inventer l’avenir ».

 

« Il est possible que nous ne vivions pas tous la réalité d’un empire africain – si fort, si puissant qu’il imposerait le respect à l’humanité, mais nous pouvons cependant durant notre vie travailler et œuvrer à faire de ce projet une réalité pour une autre génération » Marcus Mosiah Garvey

 

NJA


06/01/2016
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LA FIN DES MYTHES

« Vers 1695 nos pères nous racontent que lors de son avènement sur le trône, OSEI TUTU fondateur du royaume Ashanti fit descendre du ciel le sidkadwa « trône d'or né un vendredi » celui-ci va alors incarner l'intégration des peuples ratifiée par l'adhésion unanime. Considéré comme un don du ciel, il symbolise l'unité du pays et la permanence de l'état. Il contient l'âme de la nation ».

 

La vérité historique ne peut être occultée indéfiniment...

A la fin du 17ième siècle, le prince de Kumasi du clan oyoko Oséi Tutu va unir autour de lui les peuples des royaumes Akan et écrire avec eux l'une des plus grandes pages de l'histoire du continent. Aidé par un prête animiste Okomfo Anokyé , il va fédérer ces royaumes en une seule entité et en faire un état fédéral dont il sera le premier Ashantihéné (chef des Ashanti) et établira sa capitale à Kumasi.

Le royaume Ashanti est un état fédéral composé de provinces disposant chacune d'une grande autonomie et calquant leur organisation interne sur celle de l'état central. Chaque province membre de la fédération est dirigée par un Héné (chef), ceux-ci étant représentés au sein d'un conseil chargé de prendre certaines grandes décisions (taxes, guerres). A côté de ce conseil représentatif des entités fédérées, un conseil des anciens est chargé d'assister l'Ashantihéné dans l'administration du royaume. Comme le fondateur du royaume tous les rois sont élus au sein de la branche du clan matrilinéaire OYOKO et leur désignation est confiée à la reine mère ; en effet c'est elle qui choisit parmi les différents prétendants le prochain Ashantihéné. Son choix est ensuite soumis à l'approbation du conseil des anciens. Cette prérogative attribuée à la reine mère fait d'elle un personnage central du dispositif politique Ashanti, elle est sans doute la femme la plus puissante du royaume

Loin de la perception mythologique contemporaine de la femme africaine qui cantonne celle-ci à un rôle négligeable, le royaume Ashanti nous rappelle que nos mères ont toujours eu une position de pouvoir tant dans les organes politiques que dans les sociétés africaines.

 

... elle finit toujours par émerger...

Sous le règne d'Oséi Kodjo (1765-1777) une série de réformes que l'on va appeler « Révolution Kodjoienne » va bouleverser l'organisation interne de la fédération. Cette révolution restée dans la mémoire du peuple Ashanti va permettre l'avènement d'une nouvelle administration plus forte composée de hauts fonctionnaires nommés par le roi et chargés de gérer les affaires administratives du royaume.

La gestion financière du royaume est confiée à un grand argentier entouré d'une équipe de comptables qui étaient en charge des tribus , des douanes, des péages et de la capitation. La collecte de cette manne financière était repartie de manière précise selon les différents postes budgétaires du royaume. Cette organisation a permis au royaume d'affirmer sa domination et de se positionner comme une puissance régionale sur le plan économique.

Ouvert sur le monde, l'état Ashanti va faire appel à des compétences étrangères pour améliorer et rendre plus efficace l'organisation du royaume. C'est ainsi que des européens vont être nommés hauts fonctionnaires et des scribes musulmans vont être appelés pour perfectionner le système de statistique.

En plus d'une administration forte et bien organisée le royaume Ashanti va conforter sa puissance régionale en mettant en place une diplomatie efficace. Ses ambassadeurs étaient sélectionnés parmi les roturiers du royaume pour leur esprit et la puissance de leur dialectique et faisaient rayonner l'Ashanti au delà de ses frontières.

Loin du mythe d'une Afrique constituée de tribus sauvages, désorganisées ,désunies et fermées, l'histoire des Ashanti, son administration et son organisation politique montrent que l’Afrique a su dépasser l'idée tribale pour accéder à la réalité abstraite de l’État et de la nation et s'ouvrir au monde en l'influençant et en s'y inspirant.

 

et s'imposer car elle ne peut être contestée.

En cette fin du XVII les principales armées des royaumes africains sont équipées d'armes à feu, celles-ci sont apparues grâce aux marchands arabes et européens présents sur le continent. Les royaumes d’Afrique comprennent rapidement l’intérêt pour eux de doter leurs armées de telles armes. La fédération Ashanti va alors s'équiper de plusieurs armes à feu afin de rivaliser avec les autres royaumes mais surtout avec les européens notamment les anglais qui se font de plus en plus menaçants.

Ainsi après les guerres face aux autres royaumes qui lui permettent d'élargir ses frontières qui s'étendaient alors des pays Gourounsi et Gondja à la côte et de Grand-lahou (Côte d'Ivoire) à petit popo ( Togo), la fédération Ashanti va rentrer en conflit avec la couronne britannique qui ne voit pas d'un très bon œil la suprématie de celui-ci.

En 1824 sous l'impulsion de l'Ashantihéhé Oséi Bounsou dit « la baleine », l'armée Ashanti rentre en guerre contre la couronne britannique. Cette première confrontation qui aura pour point d'orgue la bataille de Bonsaso tourne au désastre pour l'armée britannique qui se fait laminer par le génie militaire Oséi Bounsou «  la baleine ». En 1863 une nouvelle guerre éclate. L'Ashantihéné Kwakou Dwa décime les anglais à Assikouma et à Bobikouma. Ces victoires fortifient la fédération et son prestige se fait plus grand.

A la fin du XIX siècle l'entreprise de colonisation débute dans l'ouest du continent. Malgré leur hargne, les anglais n'arrivent pas à soumettre la fédération Ashanti comme c'est le cas de certains royaumes voisins. Face à cette impasse les anglais ont recours à la seule arme qu'ils manient à la perfection, celle de la lâcheté et de la tromperie. Attendu pour un entretien de paix avec l'Ashantihéné Kwakou Dwa III le gouverneur anglais entre à la tête d'une forte armée dans Kumasi. Prises de court, les armés de Kwakou Dwa sont vaincues.

Loin du mythe de l'africain armé de lances et de flèches qui ne disposait pas d'armes à feu, loin du mythe d'une prétendue supériorité militaire européenne, les victoires sur le champs de bataille des armées Ashanti viennent nous rappeler le génie de nos pères et battre d'un revers de la main la prétendue facilité avec laquelle les colons nous auraient vaincus.

 

Désormais seul les ignorants pourront dire que « le drame de l'Afrique c'est que l'homme africain n'est pas assez rentré dans l'histoire »

 

Je suis Ashanti

Nous sommes Ashanti

Que l'Afrique retienne le nom de ses héros

 

NJA

 

 


06/01/2016
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LA RESISTANCE PERMANENTE

Dans la tradition Bété le DIDIGA est la connaissance du passé, le DIDIGA est l'histoire de nos pères, il nous parle des migrations ,des alliances , mais aussi des guerres. Aujourd'hui le DIDIGASANGWA « le diseur de DIDIGA » celui qui connaît le passé nous raconte l'histoire de la résistance à la conquête coloniale en pays Bété.

 

Dans le sud-ouest de la Cote d'Ivoire plus précisément dans la région Daloa un homme va marquer par sa bravoure et sa droiture cette résistance : Le Kanégnon (le laveur d'affront, le combattant), le Galebhai (natif de Galebha), Zokuo Gbeli.

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Après avoir accueilli et offert l'hospitalité à ces étrangers venus de loin, le kanégnon (le laveur d'affront, le combattant) se rend compte que ces étrangers n'ont pour unique objectif que celui de soumettre son peuple en trahissant ainsi sa confiance. Face à cette traîtrise le Galebhai (natif de Galebha) ne peut rester silencieux, il se souvient aussi de la répression menée par l'envahisseur contre les populations Ngwadagwie entre 1903 et 1904. Il comprend alors que le chemin de la résistance devient l'unique moyen pour espérer préserver la liberté et l'indépendance des siens.

Assumant son statut de chef guerrier, il rentre en résistance en 1906 à cette date allié aux combattants du village de Sabwa de Galbha et de Labea, il met en déroute les troupes du commandant Bouvet alors chef de poste à Daloa et prend le contrôle de ce poste. L'arrivée des renforts va obliger Zokuo Gbéli à battre en retraire et ainsi préparer une nouvelle attaque.

Celle-ci va avoir lieu en 1907 l'offensive est minutieusement préparée et d'une efficacité redoutable, les postes d'Issia de Daloa et de Soubré sont pris d'assaut et contrôlés par les troupes de Zokuo Gbéli. Les forces coloniales subissent une cuisante défaite , elles sont dans l'incapacité de riposter et sont contraintes à fuir et d'attendre comme des loups apeurés l'arrivée de renforts. A leur arrivée les renforts, emmenés par le commandant Betsellière vont faire preuve d'une sauvagerie sans pareil en tuant et en rasant tout sur leur passage. Les envahisseurs ne supportent pas le camouflet que vient de leur infliger le génial Zokuo Gbéli.

Le kanégnon (le laveur d'affront, le combattant) résiste à la répression barbare des troupes coloniales et jamais il ne rendit les armes , mais en 1911 les troupes françaises arrivent enfin à arrêter S'roukou (lion, le roi de la forêt) il est alors déporté à Zuénoula où il mourut en 1912.

 

Mais Zokuo Gbéli ne fut pas le seul à lutter dans le pays Bété, Go Ziagnon du village de Dibolé , kwé Gnanabou de Wanyou, Boguié Rabet, Sakré Sokia, Gagbongouo Koré se sont farouchement opposés aux troupes françaises. L'évocation de leurs noms fait encore trembler leurs adversaires qui se souviennent encore des nombreuses défaites que ces héros leur ont infligées.

Mais las de mener un combat face à un adversaire qui ne comprend que le langage de la violence, les résistants vont faire taire le bruit des armes préférant mettre en place une résistance plus subtile en refusant de travailler pour l'envahisseur , en menant ainsi une action de sabotage permanente de l'entreprise de colonisation. L'autorité du colonisateur ne sera jamais acceptée. Les peuples préférant fuir plutôt que de se soumettre à ces étrangers sans foi ni loi.

 

le peuple Bété ne fut pas le seul à résister en ce début du 20ième siècles la terre d'Eburnie est une terre d’insoumis ou se succède les guerres et les oppositions à la pénétration coloniale.

 

Les Baoulés se souviennent encore de la guerre menée par Akafou Bulare ou encore celle d'Assui Salé pour l'indépendance du royaume.

Les Abbey se souviennent encore de la glorieuse révolte de leurs pères qui fit trembler la France.

Les troupes coloniales se souviennent encore du génie militaire de l'Almamy Samori Touré.

Les Gouro se souviennent encore du puissant chef de guerre Sèrèblè Bi Bambou qui à résister pour eux.

les populations krou se souviennent encore de l’insurrection des blapo sous la direction du chef Paio.

le pays Dan se souvient encore du siège de la ville de man.

Tous ces peuples se sont battus même après les défaites militaires , la résistance jamais ne se tut.

 

Plus tard la résistance prendra une autre forme et Victor Biaka Boda, Victor Djedje Capri, René Sery Koré, Ouézzin Coulibaly, Mathieu Ekra à travers la résistance politique vont poursuivre le combat de Zokuo Gbéli, Go Ziagnon, kwé Gnanabou, Samori Touré, Assui Salé et permettre aux peuples de la terre d'Eburnie de retrouver une partie de leur indépendance...

La résistance fut totale et permanente et nous prouve que nous sommes un peuple de résistants il nous appartient donc aujourd'hui de suivre l'exemple de nos pères. La résistance doit prendre de nouvelles formes mais ne doit s’arrêter que lorsque nous retrouverons l'autre partie de notre indépendance.

 

D'aucun marque le début de cette résistance à l'année 1893 mais personne ne peut dater la fin de celle-ci car les peuples d'Eburnie ne furent jamais soumis et ne seront jamais soumis.

 

 

Je suis un résistant

Nous sommes des résistants

Que l'Afrique retienne le nom de ses Héros

 

 


NJA

Bibliographie:

- LES ECHANGES DANS LA REGION 'DE DALOA DU MILIEU DU XIX· SIECLE A 1936  ZUNON GNOBO JULIEN

- LA SOCIETE BETE Histoires d’une  ethnie de Côte-d’Ivoire JEAN-PIERRE DOZON Éditions de I’ORSTOM

 


06/01/2016
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L'homme derrière ce Blog

« Si un homme n’a pas découvert une cause pour laquelle  il est prêt à mourir, il n’est pas digne de vivre. »

 

 

Jeune étudiant Africain amoureux du continent africain et passionné par son histoire et par sa culture.

Je souhaite à travers ce Blog partager avec vous ma passion pour la grande histoire africaine en essayant de vous faire découvrir les grands hommes et les grands événements qui ont marqué l'histoire de notre continent . 

Je souhaite aussi partager mes réflexions sur l'avenir du continent africain.

 

Pour tout ceux qui se pose la question "Ayidjrin Ka Aba" signifie en langue tchaman le temps du changement est arrivé.

 

Vous pouvez me suivre sur TWITTER:  TWITTER

 

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06/01/2016
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Zingha Reine du Matamba

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Je vous parle d’une reine d’Afrique, je vous parle de la souveraine Zingha

 Anne Zingha, de son vrai nom Ngola Mbandi Nzinga Bandi Kia Ngola,

qui signifie " la reine dont la flèche trouve toujours son but "

Fut durant une trentaine d’années à la tête du royaume de Matamba-Ngondo, actuel Angola.

 Je vous parle d’une reine d’Afrique, je vous parle de la souveraine Zingha

 Anne Zingha était la fille de Zingha N Bandi Ngola, huitième roi de Matamba-Ngondo

Tous les devins présents à sa naissance prédirent qu’elle serai une reine comme jamais il n’ y en a eu et comme jamais il n’y en aura

C’était une femme d’une beauté stupéfiante, d’un tempérament de fer et d’un charisme incontesté

 Je vous parle d’une reine d’Afrique, je vous parle de la souveraine Zingha

 Anne Zingha était à la tête d’un état prospère et paisible, un véritable eldorado

Son peuple vivait en bonne intelligence pratiquant des activités aussi variées que l’artisanat, l’extraction minière et le commerce transfrontalier

C’était un pays riche de diamants, de pâturages et de terres fertiles

 Je vous parle d’une reine d’Afrique, je vous parle de la souveraine Zingha

 A l’arrivée des colonisateurs portugais qui voulaient s’approprier les terres de son royaume

Anne Zingha fut celle qui mena les pourparlers avec le Vice-roi du Portugal Don Joao Correira Da Souza à Luanda

Grace à son sens de la répartie, elle obtint le recul des troupes et le respect de la souveraineté du Matamba

 Je vous parle d’une reine d’Afrique, je vous parle de la souveraine Zingha

 Anne Zingha refusa de payer le tribut: 13 000 esclaves par an à livrer à l’administration colonial

Elle refusa toute forme de protectorat et forma ses troupes à l’endurance

Face à ses ennemis elle fut impitoyable et mena une lutte qui se solda par un traité de paix le 24 novembre 1657

Je vous parle d’une reine d’Afrique, je vous parle de la souveraine Zingha

 jusqu’a 73 ans elle conduisit la résistance, accompagnant ses troupes au combat

Jusqu’à sa mort, elle resta digne, ne trahissant jamais la cause de son peuple

Son seul regret : ne pas avoir eu de fils pour la remplacer sur le trône du Matamba

 

Je vous parle d’une reine d’Afrique, je vous parle de la souveraine Zingha

Que l’Afrique retienne le nom de ses héroïnes.

Vanessa Nandjui

 


06/01/2016
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« Malheur à celui qui bâillonne son peuple »

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« Nous sommes le 3 janvier 1966, six ans après l’accession à l’indépendance de la Haute-Volta pays dirigé par Maurice Yaméogo successeur du lion du RDA Daniel Ouezzin Coulibaly parti trop tôt. En ce premier lundi de l’année 1966 le président est retranché dans son palais, à l’extérieur le peuple  gronde, le peuple prend le pouvoir… »

 

En 1965 Maurice Yameogo est réélu à la tête de la Haute-Volta avec 99.98 % des voix. Au sein du pouvoir on célèbre cette victoire avec faste. Loin des murmures d’un peuple qui commence à perdre patience face à un pouvoir arrogant qui du haut de son piédestal, le méprise et oublie trop souvent de qui il tient sa légitimité. Les jours qui  suivront l’euphorie de la victoire seront  fatals au président Maurice Yaméogo.

En effet cinq ans après l’octroie de l’indépendance, la Haute -Volta est dans une situation économique dramatique, les finances publiques sont au plus mal et les comptes de l’Etat accusent un déficit de 100 millions de francs pour un budget d’à peine 10 milliards. Face à cette situation le pouvoir, déjà très critiqué au sein de la population, décide de faire voter un budget d’austérité qui prévoit une réduction de 20% du salaire des fonctionnaires voltaïques. Cette mesure va sonner le glas du pouvoir de Maurice Yaméogo.

Les syndicats s’opposent à cette mesure et se mobilisent sous l’impulsion de l’un de leurs leaders Joseph Ouedraogo alors dirigeant de la confédération africaine des travailleurs chrétiens.

Le 28 décembre 1965 suite aux travaux de l’assemblée sur le budget d’austérité, les syndicats demandent à rencontrer le président ; celui-ci refuse et confie cette tache à son ministre de l’intérieur. La rencontre qui s’en suit est houleuse et se mue en dialogue de sourds, les positions restent figées. Au sortir de cette réunion face à l’entêtement du gouvernement les syndicats décident de porter leurs revendications dans la rue à la faveur d’une grande manifestation programmée pour le 3 janvier 1966.

Alors en voyage chez son voisin ivoirien le président Maurice Yaméogo décide de rentrer deux jours avant la marche. Il interdit la marche du 3 janvier, il déclare l’état d’urgence, toutes les manifestations et grèves sont déclarées illégales, la menace du licenciement plane sur tous les fonctionnaires qui souhaiteraient manifester. L’armée est mobilisée, le président est prêt à entamer un rapport de force avec les syndicats. La date du 3 janvier approche, syndicats et gouvernement restent sur leurs positions, le début de l’année 1966 s’annonce tendu dans un pays où l’exaspération se fait  grandissante.  

 

Cette Haute-Volta qui décide de se révolter ce lundi 3 janvier est un pays bâillonné ou le jeu politique se résume à un seul parti l’ UDV-RDA dirigé par le président , un pays où les leaders qui osent s’opposer au régime sont embastillés, un pays où les mouvements d’opposition sont contraints d’exister dans  la clandestinité, un pays où tous les pouvoirs sont accaparés par un seul homme, un pays où le voltaïque peine à trouver de quoi subsister, un pays où le murmure de la révolte se fait de plus en plus insistant et assourdissant.

En ce premier lundi de l’année 1966, les syndicats bravent l’interdit et sont dans la rue pour porter leurs revendications. Ils sont soutenus par la population emmenée par les leaders de l’opposition clandestine dont le MNV du professeur Joseph Ki-Zerbo et sa femme. Ils sont plus de 100 milles Ouagalais à protester ce jour là dans les rues d’une ville en ébullition. De Gounguin à Tampouy en passant par Tanguin et Dagnouin le peuple se lève et fait face à son destin.

Cette manifestation contre le budget d’austérité se transforme rapidement en révolte populaire les manifestants réclament désormais du pain, de la démocratie mais surtout la démission du président. Le peuple s’amasse devant le palais présidentiel et attend que le régime autocratique de Maurice Yaméogo tombe. Celui-ci retranché dans son palais avec ses ministres sent le vent tourner. Il a dans ses mains tous les attributs du pouvoir mais se retrouve démuni et affaibli face à un peuple obstiné et  déterminé.

Au sein du palais les tractations sur le sort du président débutent, le lieutenant Sangoulé Lamizana alors chef d’état major est présent lors de ces tractations. L’Eglise Catholique alors très influente en Haute-Volta refuse de porter secours au président. Le président se retrouve esseulé, l’armée de son coté se rend à l’évidence : elle ne peut rien face à la détermination du peuple.  Dans un dernier sursaut pour sauver son pouvoir, Maurice Yaméogo souhaite revenir sur sa décision de réduire les salaires mais il est déjà trop tard. Dans la foule amassée dans les rues de Ouagadougou le slogan « l’armée au pouvoir !! » revient de plus en plus. Maurice Yaméogo comprends alors qu’il vient de perdre son pouvoir. Dans la soirée, il annonce sa démission au cours d’une allocution radio diffusée  et annonce que le nouveau dirigeant de la Haute Volta est désormais le lieutenant Sangoulé Lamizana alors chef d’état major de l’armée nationale.

 

Ce 6 janvier le peuple de Haute-Volta vient de faire tomber en un jour un pouvoir qui se croyait invulnérable.

En un jour le peuple de Haute-Volta à donner un signal fort à l’Afrique.

Maurice Yaméogo ne sera pas le seul à subir les foudres d’un peuple qui  très tôt avait compris que seule la lutte libère.

Aujourd’hui plus que jamais nous devons nous souvenir et ne plus jamais oublier que tout au long de son histoire les habitants du pays des hommes intègres ont toujours su se lever pour leur liberté et leur dignité.

 

Je suis un homme intègre.

Nous sommes des hommes intègres.

Que l’Afrique retienne le nom de ses héros.

 

NJA


24/11/2014
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UNITE

Dans toute l'Afrique de l'ouest tout le monde sait dire « ensemble nous avons le pouvoir »

 

Pendant la colonisation les Baoulés, Wolofs, Peuls, Mossi, Sousou, Dogons, Malinkés, Ebriés des territoires ivoirien, soudanais, guinéen ou voltaïque , comprennent que l'unité est la seule manière pour eux de vaincre l'oppression coloniale. De Dakar à Abidjan en passant par Cotonou ou Conakry l’intensité et la férocité de la colonisation est la même, les africains souffrent ensemble mais luttent et résistent ensemble. Les humiliations et la soumission servent alors de ciment à l'unité de ces peuples.

 

Au Mali nous disons: Mansaya Ya An Bé Ta Lé di (Malinké)

 

Dès 1895 après avoir soumis par la force une grande partie de l'Afrique de l'ouest, l’État français met en place une fédération, l'Afrique occidentale française ( AOF), pour administrer les territoires sous sa domination. Cette fédération composée de six puis de sept territoires sera administrée par un gouverneur général et aura pour capitale Dakar.

En 1956, sous l'impulsion de la loi cadre, l'AOF est démantelée. Les sept territoires sont désormais séparés,isolés et administrés séparément par des institutions locales.

En 1958 le référendum sur la communauté franco-africaine entérine cette division par l'institution de républiques autonomes. Ces deux événements valident le processus de balkanisation de l'ex AOF.

Ainsi après avoir lutté ensemble contre l'oppression coloniale c'est en ordre dispersé que les peuples de l'ex AOF s’apprêtent à accéder à leur indépendance.

 

En Cote d'Ivoire nous disons :Minh wo hégba hé sanou (Baoulé)

 

En 1957 la Gold Coast ex colonie britannique arrache son indépendance et devient le Ghana sous la direction de son leader Kwamé N'kruma partisan du panafricanisme et de l'unité africaine.

En 1958 la Guinée, conduite par son charismatique leader Sékou Touré, obtient l'indépendance en refusant avec fierté de participer à la communauté franco-africaine.

 

Au Sénégal nous disons : Mbolo moy dolé (Wolof)

 

De leurs cotés les autres colonies françaises intègrent la communauté franco-africaine mais comme le rappelle Leopold Sedar Senghor « La Communauté n'est pour nous qu'un passage et un moyen, notamment celui de nous préparer à l'indépendance à la manière des territoires sous dépendance britannique. »

Un vent de liberté souffle sur le continent africain et de Dakar à Niamey l’indépendance n'est alors plus qu'une question de temps.

 

En Guinée nous disons: Won Ma Langui Mainguèya Na Won Yi Ra (sousou)

 

C'est dans cette atmosphère de liberté que le Sénégal, le Soudan, le Dahomey et la Haute-volta choisissent le chemin de l'unité.

« Notre réunion, dans cette salle des délibérations du Grand Conseil, est un acte de foi dans le destin d'une Afrique forte de l'union de tous ses membres sans discrimination d'aucune sorte. ». C'est par cette phrase du doyen Lamine Guèye que s'ouvre l'assemblée constituante qui officialise la création d'une fédération regroupant ces 4 territoires. Elle prendra le nom de fédération du Mali en référence au grand empire fondé par Soundjata Keita. Le 14 janvier 1959 la constitution présentée par le sénégalais Doudou Thiam est approuvée par acclamation par les délégués de tous les territoires. Le rêve unioniste porté par Modibo Keita et Léopold Sédar Senghor voit le jour. C'est donc ensemble que ces 4 nations souhaitent acquérir leur indépendance. Nous sommes en 1959 et l'indépendance pointe à l'horizon.

 

Au Bénin nous disons : Mi do kpo mi na dou gan (fon)

 

Mais la fédération va être torpillée par le chef du RDA Félix Houphouet-Boigny artisan de la loi cadre et partisan d'une évolution séparée des anciennes colonies. Il voit d'un mauvais œil la formation de cette fédération qui pourra lui faire de l'ombre et lui faire perdre son influence dans la sous-région.

Sous la pression d'Houphouet, la Haute volta et le Dahomey vont se retirer de la fédération et construire une organisation de coopération régionale en opposition à la fédération du Mali.

Ces défections ébranlent la fédération mais ne la détruisent pas. Le Sénégal et le Mali sous la houlette du leader panafricain Modibo Keita continuent l'aventure.

 

Au Togo nous disons: né mi lé dou , nousein la non mia si (Mina)

 

Le 4 avril 1959 l'assemblée de la fédération se réunit ;Modibo Keita, opold Sedar Senghor et Mamadou Dia sont alors désignés respectivement président, président de l'assemblée et vice-président. Après la mise en place des instances politiques la prochaine étape est celle de l'acquisition de l'indépendance.

Le 20 juin 1960 Léopold Sédar Senghor président de l'assemblée proclame l'indépendance de la fédération.

 

Au Burkina faso nous disons: Tond san bé nii taba nama ya tond so (Moré)

 

Mais les conflits internes, les antagonistes et les rivalités au sommet de l’État viennent à bout de la fédération. A la suite d'un conflit institutionnel le Sénégal par la voix de son chef Senghor se retire de la fédération et proclame l'indépendance du Sénégal. Le Soudan proclame à son tour son indépendance et devient le Mali. Après seulement 4 mois d’existence en tant qu’état indépendant la fédération du Mali disparaît.

 

Au Niger nous disons: Tcharbandé no ir gaté gabi (Zarma)

 

La disparition de la fédération du Mali emporte avec elle les rêves d'unité portés par les leaders africains. Malgré d'autres initiatives insufflées par Kwamé N'krumah ou encore Sékou Touré les africains ne parviendront pas à s'unir. Ainsi aux lendemains des indépendances on voit apparaître sur le continent africain des états aussi faibles les uns que les autres et n'ayant aucun poids sur la scène mondiale.

Aussi longtemps que notre peuple s'expose au danger d'être faible en étant désuni, il est à prévoir que nous restions sous la domination d'autres peuples qui ont su devenir forts en s'unissant.

Unis nous sommes forts et dans toute l'Afrique les peuples lancent un appel: Ensemble nous avons le pouvoir.

 

TIKEN JAH FAKOLY NOUS PARLE D'UNITE


 

 

Je suis Panafricain.

Nous sommes Panafricains.

Que l'Afrique retienne le nom de ses Héros.

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NJA


13/02/2014
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EXODUS

 

Et l’Eternel dit à Moïse : va vers Pharaon et tu lui diras, ainsi parle l’Eternel, laisse mon Peuple partir !

 

Quelque part entre les ports de la Kingston, de la Barbade ou de Floride, des hordes de matelots quittant leurs îles gorgées de soleil et d’esclaves appareillaient pour des voyages au long cours. Car telles était la tâche : porter et supporter des marchandises du nouveau monde pour faire carrière dans la marine marchandes.

En s’arrêtant à Harlem, Mecque des nouveaux nègres, les enfants des diasporas caribéennes du 19ème siècle, se rencontraient dans un brassage propice au questionnement de l’identité nègre. Cuba sort de l’esclavage, mais les Orishas convulsent encore, la ségrégation américaine est des plus féroces et la Jamaïque est un prisonnier ficelé, bâillonné.

Aux alentours des années 1920, Leonard Percival Howell, jeune matelot téméraire au fort accent jamaïcain rencontre Marcus Garvey montagne de livres et de panache.

***

 

Cela fait plusieurs années déjà que Marcus Garvey a traversé la mer des Caraïbes, mais son ambition est bien plus monumentale, elle est de celles qui abattent les murs et humilient les rois, elle est de celles qui ouvrent les eaux pour le chemin du retour.

Né en 1887 dans la Jamaïque ségrégationniste, Marcus, fils de marrons, devient rapidement un curieux mélange de politicien chevronné et d’entrepreneur audacieux. D’abord employé chez un imprimeur, il ingurgite, boit, absorbe la substantifique moelle de la littérature à portée de main à Kingston. Capitalisme, Communisme, Impérialisme sont les avatars de ce siècle des « ismes ». Lénine, Trotsky, Ho Chi Minh et la Bible sont ses guides à travers le désert. Il participe à de nombreuses grèves dans le cadre de syndicats, devient journaliste et fonde le journal Garvey’s Watchman.

Garvey débarque aux Etats-Unis en 1916 avec le projet de réunir toutes les forces capitalistiques au service du rapatriement en terre promise du peuple errant. L’Afrique ! A coup de campagnes via son association UNIA United Negro Improvement Association, Garvey crée une compagnie maritime et invite la communauté noire à investir en tant qu’actionnaires en vue de l’achat d’une flottille d’arches aptes à traverser la grande mer atlantique.

En 1919 la Blackstar lines est créée. Un Dieu ! Un but ! Une destinée !

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***

Leonard Howell est de retour en Jamaïque en 1932. Cela fait trois ans alors que la Prophétie du révérend James Morris Webb s’est réalisée : celle d’un africain couronné, qui, tel un sombre messie, mènera le peuple des damnés de la terre vers la délivrance. Il commence alors à prêcher le retour d’un Dieu noir, d’un Dieu des Noirs, un Dieu dont le Ras Tafari Makonnen de l’Empire d’Ethiopie _seul Etat ayant valeureusement repoussé le fléau colonial_ serait l’envoyé.

Howell fait alors de ses « ismes » préférés un grand syncrétisme ! Gandhisme, Marxisme et bientôt Tafarisme sont ses maîtres pensées. Il exhorte son peuple à se soumettre à l’autorité du descendant direct du Roi Salomon et de la Reine de Sabah : Haïlé Sélassié 1er. A la mer le Roi d’Angleterre ! Edifié, mais non convaincu par son ami apôtre du retour, Marcus Garvey, Leonard Howell commence à bâtir sur son île natale une communauté imprégnée de culture indienne et africaine, fonctionnant en autarcie de la société jamaïcaine encore sous le joug de la couronne britannique.

 

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***

Après des années à défier le pouvoir fédéral américain, en montrant la force de frappe d’une communauté africaine-américaine réunie autour des projets communs de culture, d’éducation et de travail, Marcus Garvey subit la méfiance des autorités, la censure de son journal le Negro World, la prison et un nouvel exil, encore un, vers l’Angleterre.

Alors que Marcus Garvey, le Black Moses, meurt à Londres en 1940, la même année est fondé en Jamaïque le Pinnacle, première communauté « Rasta » au monde et réunit bientôt un des centaines d’adeptes vivants des ressources de la terre et revendiquant l’indépendance matérielle et spirituelle. Le Gong, en maître spirituel de cette quête d’un nouveau mode de vie, passe son temps entre la prison et l’hôpital psychiatrique où les autorités insulaires tentent de contenir son influence auprès du peuple jamaïcain. Mais telle l’hydre, les tentatives de destruction par la police jamaïcaine de cette entreprise d’émancipation, ne sont que l’occasion de propager l’expérience du Pinnacle en une multitude de communautés similaires à travers l’île.

Léonard Howell meurt en 1981, trois mois avant un certain Robert Nesta Marley qui fit connaître l’ambition de Howell dans le monde entier en faisant du Rastafarisme un des derniers « isme » du 20ème siècle, dont les maîtres fondateurs auront fait une véritable philosophie de vie tourner vers les racine de l’Afrique.



Nous sommes Marcus Garvey.

Nous sommes Leonard Howell.

Que l’Afrique retienne le nom de ses héros.



YOVOVI


22/01/2014
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 Osez inventer l'avenir 

 

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En 1983 un jeune capitaine plein de fougue prend le pouvoir en Haute-Volta (Burkina Faso), bien décidé à relever son pays qui jusque là, peinait à devenir grand. Thomas Sankara va en quatre ans (1983-1987) bousculer par sa pensée un continent sclérosé par une élite sans idée et sans vision. Véritable visionnaire, il sera élevé après sa mort en véritable martyr par une jeunesse africaine en manque de leader. Mais aujourd'hui que reste-t-il du puissant message capitaine burkinabè ? Que savons-nous réellement de son message  ?

Aujourd'hui 26 ans après sa mort il est important de nous rappeler du message du génial capitaine Thomas Sankara tant celui-ci reste d'actualité.

Ses discours restent pour nous un moyen de nous imprégner de sa pensée. Ainsi le 4 octobre 1984 Thomas Sankara prononce un discours mémorable devant l'assemblée générale des nations unies revenons ensemble sur un extrait de ce discours...

 

« Il n'y aura plus de gifle »

 

Lorsqu'il se présente devant l'assemblée générale de l'ONU, Thomas Sankara se pose en porte-parole d'un continent fort et digne.

Le début de son discours est une adresse à la jeune génération africaine : «  je parle au nom d'un peuple qui, sur la terre de ses ancêtres, a choisi dorénavant de s'affirmer et d'assumer son histoire, dans ses aspects positifs comme dans ses aspects négatifs, sans complexe aucun ». A travers cette phrase, il nous invite à accepter cette histoire glorieuse et en même temps tragique. Il nous invite à ne pas oublier notre responsabilité lors de la traite négrière , il nous invite à ne pas nier nos défaites pendant les guerres de colonisation, mais il nous invite aussi et surtout à ne pas nier notre résistance, à ne pas nier l'influence de notre science sur le reste du monde, mais aussi notre capacité à être acteur de notre histoire. Thomas Sankara avait compris que nous ne pouvions nous projeter dans l'avenir sans avoir accepté de manière lucide notre histoire.

La pensée du capitaine ne se limite pas au continent africain. Conscient du caractère universel de sa révolution, il se pose aussi en porte parole du monde des non-alignés. Ce monde des non-alignés baptisé tiers-monde partage un héritage, celui de la colonisation et doit faire face au même défi, celui de l'indépendance totale et vraie. Loin des indépendances formelles fustigées ici par Thomas Sankara, qui nous invite à comprendre que la grande vague de décolonisation des années 60 n'est qu'un leurre et que le combat pour l'indépendance reste d'actualité, il prône donc l'unité du tiers-monde afin de venir à bout de cette aliénation culturelle, économique et politique dont il fait référence dans son discours. Pour Thomas Sankara il faut que se lève une nouvelle race de tiers-mondiste qui refuse de tendre l'autre joue et de s'abaisser devant leurs maîtres d'antan et ainsi arracher une vraie indépendance et refuser comme il le dit d'être «l'arrière monde d'un occident repu ».

 

« La bataille pour une pensée au service des masses déshéritées n’est pas vaine »

 

Dans la suite de son discours il fustige ce phénomène propre à l'Afrique qui consiste à chercher les solutions de son développement ailleurs. Pour Thomas Sankara , la solution est au contraire de se défaire de tous ces modèles de développement prônés par l'occident et ses institutions qui depuis les indépendances n'ont fait qu'aggraver la situation. Nul ne peut penser un modèle pertinent et efficace s'il se tient loin des réalités de l'environnement qu'il étudie. Il ne peut y avoir de développement sans rupture totale avec tous ces modèles éloignés de nos réalités. Pour Thomas Sankara le salut de notre continent viendra de cette rupture.

Notre capitaine s'en prend aussi à cette petite bourgeoisie africaine corrompue intellectuellement par la pensée occidentale dominante, qui refuse tout effort de réflexion et tout débat théorique rigoureux sur le devenir du continent. Il parle d'une élite africaine « consommatrice passive et lamentable » des dogmes énoncés par leurs maîtres de l'extérieur.

Pour Thomas Sankara les élites africaines doivent penser le continent, énoncer des principes et créer des modèles de développement en accord avec la réalité du continent. Elles doivent tourner le dos à ces modèles de pensée venus de l'extérieur dont les échecs ne sont plus à démontrer. Comme le dit Thomas Sankara « En ces temps de tempêtes, nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui, le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité ». Le défi à relever pour la jeunesse africaine est de se réapproprier son environnement, de le comprendre, de l’étudier afin de pouvoir faire émerger des modèles de développement et de pensée cohérents et efficaces qui feront sortir notre continent de l’état de léthargie dans lequel il se trouve. Il nous faut retourner à notre patrimoine culturel, à notre histoire, à nos réalités, à nos échecs et à nos succès afin de donner de notre peuple une image fidèle : « Une image qui nous permette de réaliser des changements profonds de la situation sociale et politique, susceptibles de nous arracher à la domination et à l’exploitation étrangères qui livrent nos États à la seule perspective de la faillite ».

L'idée de Thomas Sankara est de nous dire que nous avons les clés de notre réussite entre nos mains et que le devenir de notre continent ne dépend que de nous.

 

« Nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide »

 

Lorsqu'en 1983 Thomas Sankara arrive au pouvoir, le Burkina Faso est l'un des pays les plus pauvres du tiers monde , l'avenir de ce pays est compromis par une position géographique ingrate et une classe politique corrompue. C'est d'un pays à bout de souffle dont va hériter le capitaine. C'est ce constat que fait Thomas Sankara devant l'assemblée générale de l'ONU : « Dans le cas de l’ex Haute Volta, le processus était encore plus exemplaire. Nous étions la condensation magique, le raccourci de toutes les calamités qui ont fondu sur les pays dits "en voie de développement » pourtant comme le rappelle le capitaine l'aide extérieure n'a cessé d'affluer sur son pays depuis son indépendance, mais cette aide est un échec.

L’échec de l'aide extérieure, pour Thomas Sankara, est dû aux élites dirigeantes passées qui : «  soit par naïveté, soit par égoïsme de classe, n’ont pas pu ou n’ont pas voulu maîtriser cet afflux extérieur, en saisir la portée et exprimer des exigences dans l’intérêt de notre peuple ». Thomas Sankara met en lumière une autre raison « l’aide au Sahel, à cause de son contenu et des mécanismes en place, n’est qu’une aide à la survie. Seuls, souligne-t-il, 30 pour cent de cette aide permet simplement au Sahel de vivre. Selon Jacques Giri, cette aide extérieure n’aurait d’autres buts que de continuer à développer les secteurs improductifs, imposant des charges intolérables à nos petits budgets, désorganisant nos campagnes, creusant les déficits de notre balance commerciale, accélérant notre endettement ».

L'aide apportée aux pays en voie de développement cause donc plus de dégâts qu'elle n'en règle;combinée à sa mauvaise gestion elle se transforme alors en véritable frein au développement de nos pays. Pour Thomas Sankara il nous faut donc refuser cette aide  « la politique d’assistance et d’aide n’a abouti qu’à nous désorganiser, à nous asservir, à nous déresponsabiliser dans notre espace économique, politique et culturel», et élaborer de nouvelles techniques et n'attendre qu'une seule aide : celle de nos bras et de notre intelligence. Véritable déclaration d'indépendance le modèle énoncé par Thomas Sankara a pour objectif de trouver des solutions mieux adaptées et plus conformes à nos réalités tout en :  «  rejetant de manière abrupte et définitive toutes sortes de diktats extérieurs, pour créer ainsi les conditions d’une dignité à la hauteur de nos ambitions ».

Il énonce avec fierté toutes les actions déjà entreprises dans son pays grâce à cette nouvelle manière de penser et de diriger un pays. De l'éducation à la santé en passant par la modernisation des campagnes, la reconstruction de l'armée et de l'administration et la lutte contre la faim Thomas Sankara va refaçonner son pays et le mettre sur le chemin de la prospérité , un vent nouveau souffle alors sur le Burkina Faso.

 

Thomas Sankara reste aujourd'hui une figure incontournable de l'histoire africaine et un véritable modèle pour toute la jeunesse révolutionnaire africaine. Méditons donc sur sa pensée, analysons la, actualisons la et faisons en ressortir le meilleur afin que son message ne se perde pas dans les dédales de l'histoire.

La patrie ou la mort nous vaincrons.

 

Je suis Thomas Sankara

Nous sommes Thomas Sankara

Que l'Afrique retienne le nom de ses héros

 

NJA

 

 

Extrait du discours de Thomas Sankara


Discours complet:

http://http://www.thomassankara.net/spip.php?article285


24/09/2013
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DESTINS CROISES

L'année 1441 marque le début d'une des plus grandes tragédies humaines: la traite négrière. Pendant plus de cinq siècles de nombreux africains vont être déportés par bateaux vers le nouveau monde pour travailler dans des plantations dans des conditions inhumaines. C'est sur ces bateaux que furent transportés sur l’île de Trinité-et-Tobago les ancêtres de Stokely Carmichael.

 

 

Au 19ème siècle débute sur le continent africain l'une des plus grandes entreprises de domination de l'homme par l'homme: la colonisation. Suite à la conférence de Berlin, les nations européennes vont se partager le continent et asseoir leur domination sur les peuples africains. C'est dans cette Afrique dominée que vient au monde dans la colonie française du Togo Tavio Amorin.

 

Au état-unis la fin de la guerre de sécession marque le début de la ségrégation raciale. En 1896 la cour suprême américaine en rendant l'arrêt plessy contre fergusson rend officiel cette ségrégation à travers la doctrine du séparé mais égaux. Dès cette arrêt les afro-descendants ne vont cesser de lutter contre cette politique raciste. Ce combat va atteindre son apogée à partir des années 50 avec des leaders comme Malcom X, Huey Newton ou encore Rosa Park.

Dans les colonies d'AOF l'année 1960 marque la fin de la colonisation, les colons laissent en partant le pouvoir à des gouverneurs à la peau noire corrompus, qui s'accaparent les richesses des peuples . Au Togo le pouvoir est détenu dès 1967 par le despote Eyadema qui après avoir assassiné le génial père de l’indépendance Sylvanus Olympio et renversé Nicolas Grunitzky met en place une véritable dictature.

C'est dans ces deux atmosphères de révolte que vont se révéler Tavio Amorin et Stokely Carmichael deux hommes séparés par l'histoire mais qui vont se rejoindre sur le terrain du combat pour la liberté des peuples noirs.

 

 

Alors étudiant, le jeune Stokely Carmichael rejoint le SNCC (student nonviolent coordinating commitee) et le non-violent action group. Il soutient à cette époque l'action non violente du pasteur King, l'un des leaders du mouvement pour les droits civiques. Acteur de la non violence il mène des actions concrètes notamment des campagnes de boycott mais aussi des campagnes d'inscriptions de noirs sur les listes électorales. Mais comment peut-on être non violent quand l'oppresseur n'hésite pas à recourir à la force et à la violence. Stokely Carmichael ne peut rester insensible face aux massacres des siens. La radicalisation devient alors une nécessité il s'oppose désormais aux idées de non-violence et d'intégration. Il prône alors le Black Power qui met en avant l'auto-défense et l'auto détermination des afro-descendants. Pour définir le Black Power Stokely Carmichael dira : « nous voulons le contrôle des institutions des communautés où nous vivons , et nous voulons le contrôle la terre, et nous voulons arrêter l'exploitation des populations non-blanches à travers le monde» L'objectif du Black Power est donc d'amener les afro-descendants, d'une part à prendre conscience de ce qu'ils sont, de leur racine, de leur histoire, de leur culture, d'autre part à définir leurs propres buts et à prendre la direction d'organisations spécifiques. Mais Stokely Carmichael voit plus loin il comprend que les afro-descendants doivent avoir un regard sur l’Afrique. En effet pour lui la fin du racisme aux état-unis doit aussi passer par la fin de l'impérialisme des grandes puissances contre les pays africains. Fervent panafricain il contribue à la création du all-african people's revolutionary party qui lutte pour l'unité et l'amélioration des conditions de vie des peuples noirs. En 1969 il rejoint la terre de ses ancêtres et la guinée du président Sékou Touré et prend le nom de Kwamé Ture en l'honneur de kwamé N'krumah et de Sékou Touré. Toute sa vie il ne cessa de lutter pour la cause noire il mourut d'un cancer en 1998.

 


 

Au cours de son parcours universitaire dans les années 80 Tavio Amorin va se forger une conscience politique et développer ses idées pour le continent africain. Doté d'une vive intelligence il va s'efforcer d'analyser de manière précise la situation du continent africain. Pour lui la décolonisation n'a jamais eu lieu, très lucide sur la réalité du continent il met en avant le remplacement du système colonial par un système néo-colonial qui fait perdurer l’Afrique dans la dépendance. Ce système néo-colonial se définit par une souveraineté inexistante des nouveaux états de par leur incapacité à pouvoir assurer seul leur défense et leur sécurité mais aussi par une maîtrise de l’épargne des nouveaux états par l'ex puissance coloniale à travers leur maintient dans la zone franc. Il définit aussi ce système par une éducation qui ne prend pas comme socle la culture africaine mais celle du colon et aussi par l'absence d'une diplomatie autonome mais alignée sur celle de l'ex puissance. Pour Tavio Amorin le combat pour éradiquer le néo-colonialisme ne peut se faire dans une Afrique désunie, il prône donc la nécessité d'unir le continent et de faire émerger une société civile panafricaine qui serait le moteur d'une intégration africaine multidimensionnelle. Sa vision panafricaine ne se limite pas aux africains du continent mais il plaide aussi pour une intégration des afro-descendants qui doivent jouer un rôle moteur dans le combat en servant d'alliés aux africains. Désireux de mettre en pratique ses idées il rentre au Togo pour se mettre au service du continent. A son retour il devient premier secrétaire du parti socialiste panafricain et délégué lors de la conférence nationale souveraine organisée au Togo en 1991 où son intelligence ,son courage et son impétuosité inspirent le respect. Mais le 23 juillet 1992, deux policiers l'abattent à bout portant avant de s'enfuir, il décédera quelques jours plus tard le 29 juillet dans un hôpital parisien.

 


 

 

 

L'histoire de Tavio Amorin et de Stokely Carmichael nous montre que les luttes des peuples noirs sont liées. Ces deux leaders partageaient une même vision celle de voir les enfants d’Afrique dignes , forts et unis, ils ne se sont pas contentés de faire des vœux pieux. Ils ont œuvré durant toutes leurs vies à rendre cette vision concrète. Ils ont su penser leurs sociétés et apporter des solutions effectives qu'ils se sont efforcés de mettre en place. Ces deux héros nous montrent la voie à suivre tant leurs réflexions restent actuelles. Il ne s'agit pas de ressasser le passé mais de s'approprier leurs pensées et leurs solutions en les actualisant afin qu'elles nous servent de guide dans le combat que nous seront obligés de mener et de gagner contre les forces oppressives. Tavio Amorin et Stokely Carmichael doivent nous servir de boussole car ils nous amènent à comprendre que nous ne pouvons pas combattre de manière isolé , nous devons comprendre que le panafricanisme qui est l'unité de tous les peuples noirs doit être pour nous l'horizon à atteindre.

 


 

 

Je suis Panafricain

Nous sommes Panafricains

Que l'Afrique retienne le nom de ses HEROS

 

NJA


24/06/2013
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Les échos du passé

Le temps est venu de rétablir notre vérité historique. Rappelons nous donc ensemble d'un des royaumes les plus puissants d'Afrique de l'ouest. Racontons avec fierté l'histoire du royaume d'Abomey.

 Aussi longtemps que les lions n'auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur.

UNE ORIGINE

C'est à partir du XVII siècle que s’éleva sur une partie du Bénin actuelle le royaume d'Abomey.

Voici comment surgit du bruissement de l'histoire ce puissant royaume : la dynastie d'Abomey a pour origine le royaume de TADO, royauté située sur la rive droite du fleuve mono.

Les anciens nous racontent que Tenou Guessou alors roi du TADO épousa une femme appelée Gbekpo qui avait le pouvoir de se métamorphoser en panthère. De leur union naquit de nombreux descendants mais l'un d'eux appelé Adjahounto marqua de son empreinte le cours de l'histoire. A la mort de leur père Tenou Guessou , une querelle de succession divisa les fils du roi, Adjahounto n'eut d'autre choix que celui de quitter le royaume de son père. Il trouva alors refuge dans la région de togo-goussa où il fonda le royaume d'ALLADA.

Adjahounto eu trois fils mais à sa mort un conflit éclata entre ces derniers pour la succession au trône d'ALLADA. Pour régler le conflit les trois frères trouvèrent une solution de consensus. L'un d'eux prit la sucession de son père sur le trône d'ALLADA. Le second prit la direction d'Adaché, fonda le royaume de Porto-Novo et prit le nom de Te-Agbanlin. Le troisième Do-aklin partit vers le nord et créa le royaume d'Abomey. Mais c'est son petit fils Houegbadja qui fit du royaume d'Abomey un état fort et puissant.

 Lorsque tu ne sais pas où tu vas,regarde d’où tu viens

 UNE ORGANISATION

 L'organisation du royaume d'Abomey ne fut soumise à aucune influence externe.

La société d'Abomey était rigoureusement hiérarchisée avec une structure politique fortement centralisée et composée de roturiers soumis à l'autorité royale.

Pour administrer son royaume le roi s'entoura d'un Migan siégeant à sa droite et d'un Mehou siégeant à sa gauche tout deux remplissant les fonctions de premier ministre. En dessous du Migan et du Mehou on retrouve des ministres aux compétences bien définies comme le ministre des cultes ( Aplogan), le ministre des finances, le chef de la police, le ministre chargé des problèmes fonciers (Tokpon) et par la suite un ministre des «blancs» (Yévognan).

Les femmes jouèrent un rôle important dans l'histoire de ce royaume. Au sein de la structure politique, des femmes étaient nommées par le roi afin qu'elles exercent un contrôle sur les activités des principaux dirigeants. Elle furent aussi à l'origine de nombreuses victoires militaires car c'est au royaume d'Abomey que fut créée la légendaire armée des amazones composée uniquement de femmes, la plupart vierges ou astreintes au célibat. Elles étaient lancées dans la bataille pendant les moments difficiles pour faire fléchir les dieux du combat.

Les troupes poppo qu'elles vainquirent se souviennent encore de leur bravoure et de leur puissance...

Fort de cette organisation rigoureuse et efficace le royaume d'Abomey va connaître une croissance sous l'impulsion des successeurs d'Houegbadja qui ne cesseront de faire croître ses frontières. En 1724 Abomey annexa le royaume d'ALLADA et en 1727 OUIDAH , suite à ces annexions le royaume prit alors le nom de Dahomey.

 C'est au bout de la vieille corde qu'on tisse la nouvelle.

 UN HOMME

En 1818 une étoile accéda au trône du Dahomey...

A cette date le prince Ghezo fut couronné roi du Dahomey et choisi pour devise la tirade suivante :  «  la jarre contient l'eau qui donnera au pays le bonheur. Si tous les enfants venaient par leurs doigts assemblés à en boucher les trous, l'eau de ne coulerait plus et le pays serait sauvé »

Durant son règne il rétablit la paix civile, s'employa à raffermir l’administration en épurant la bureaucratie royale, rationalisa la collecte des impôts et mis en place des statistiques démographiques.

Sous ses ordres, son ministre de l'agriculture imposa aux villages des plantations obligatoires et encouragea la vulgarisation et la production de nouvelles cultures vivrières provenant d’Amérique (ex manioc). Il favorisa également le commerce de l'huile de palme qui participa à l'essor économique de l'état. Ghézo se révéla être un grand économiste.

Sur le plan militaire il rationalisa l'organisation des contingents, modernisa les équipements de son armée et donna une place encore plus importante aux amazones. Véritable génie militaire, il remporta de nombreuses victoires notamment contre les yoroubas du royaume d'oyo.

Homme érudit et curieux, il encourageait les arts au sein de la cour et portait un intérêt particulier aux cultures étrangères.

Après 40 ans de règne éclairé Ghézo rejoignit la constellation des grandes étoiles africaines...

 Le buffle puissant traverse le pays et rien ne peut l'arrêter ou s'opposer à lui

 Mais en 1892 après une résistance farouche des descendants de Ghézo, le royaume du Dahomey tomba aux mains des voleurs de terres

Mais la sagesse africaine nous enseigne que L'éléphant meurt, mais ses défenses demeurent.

je suis Ghézo

Nous sommes Ghézo

Que l’Afrique retienne le nom de ses Héros


NJA

Sources :

- Histoire de l'Afrique noire , Joseph ki-zerbo , Hatier

Universalis, «DAHOMEY ROYAUME DU (XVIIIe-XIXe s.)»,Encyclopædia Universalis


18/06/2013
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Mey Ilimi (celui qui détiens la connaissance en langue haoussa)

 

 

De nombreux Hommes de science ont irradié de leur savoir et de leur intelligence notre continent.

Ecoutons l’histoire de l’un des pionniers:

C’est au NIGER, ancienne colonie française devenue indépendante en 1960 que va voir le jour l’un des plus brillants scientifiques que l’Afrique ait connue.

Abdou Moumouni voit le jour en 1929 dans le village de Tessaoua. Après de brillantes études notamment à l’école William Ponty du Sénégal, il part terminer sa formation universitaire en France.

En 1956 son parcours universitaire atteint son apogée. À cette date, il devient le premier africain agrégé de physique de l’histoire.

C’est à cette même époque qu’il se forge une conscience politique au sein de la puissante FEANF (Fédération des étudiants d'Afrique noire en France), syndicat qui regroupe les futurs leaders du continent comme Mamadou Dia, Amadou Mahtar M’Bow, Joseph Ki Zerbo ou encore Henri lopez.

Etudiant extrêmement brillant il va aussi être un des fers de lance de la contestation anti-coloniale. Désigné à de nombreuses reprises trésorier de la FEANF, il va aussi être le rédacteur du journal « les étudiants anti-colonialistes ».

Son cursus universitaire achevé il rentre en Afrique, comme de nombreux militants de la FEANF, pour participer à l’émancipation du continent et mettre sa science au service du développement de son peuple.

D’abord professeur, il enseignera au Sénégal, au Mali et au Niger.

Mais Abdou Moumouni va surtout marquer son époque et sa génération grâce aux recherches qu’il va mener sur l’énergie solaire. Véritable précurseur de cette technique, il va œuvrer sa vie durant à promouvoir ce procédé afin d’assurer l’indépendance énergétique du continent.

Il crée ainsi au Mali avec l’appui du président Modibo Kéita le centre d’énergie solaire, puis au Niger l’Onersol (office nationale de l’énergie solaire) avec l’appui des autorités Nigériennes.

Sous l’impulsion du professeur Moumouni, l’Onersol va travailler à améliorer le quotidien des nigériens. Ainsi des pompes à eau, des cuisinières, des séchoirs et même des télévisions fonctionnant à l’énergie solaire vont être mis au point et commercialisés par l’Onersol.

Véritables outils au service de son pays, toutes ces réalisations vont être développées et fabriquées localement.

Mais la crise des matières premières, notamment la chute du cours de l’uranium, va priver le professeur Moumouni et l’Onersol des financements étatiques et ainsi briser le rêve solaire qu’avait commencé à réaliser Abdou Moumouni…

L’action du professeur est dans la droite ligne de son engagement au sein de la FEANF qui est celui de rendre l’Afrique forte et indépendante en ne comptant que sur ses propres ressources.

Véritable visionnaire et en avance sur son temps, le professeur Moumouni a incontestablement marqué de son génie l’histoire du continent.

Méconnu en dehors de son pays d’origine, le Niger, Abdou Moumouni est un exemple pour la jeunesse africaine en quête de solutions pour voir émerger le continent

Décédé en 1999, son œuvre est restée inachevée, elle attend patiemment d’être reprise et d’être enfin menée à son terme…

 

Je suis Abdou Moumouni

Nous sommes Abdou Moumouni

Que l’Afrique retienne le nom de ses héros

NJA


18/06/2013
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