AYIDJRIN KA ABA

AYIDJRIN KA ABA

Empires et royaumes d'afrique


LA FIN DES MYTHES

« Vers 1695 nos pères nous racontent que lors de son avènement sur le trône, OSEI TUTU fondateur du royaume Ashanti fit descendre du ciel le sidkadwa « trône d'or né un vendredi » celui-ci va alors incarner l'intégration des peuples ratifiée par l'adhésion unanime. Considéré comme un don du ciel, il symbolise l'unité du pays et la permanence de l'état. Il contient l'âme de la nation ».

 

La vérité historique ne peut être occultée indéfiniment...

A la fin du 17ième siècle, le prince de Kumasi du clan oyoko Oséi Tutu va unir autour de lui les peuples des royaumes Akan et écrire avec eux l'une des plus grandes pages de l'histoire du continent. Aidé par un prête animiste Okomfo Anokyé , il va fédérer ces royaumes en une seule entité et en faire un état fédéral dont il sera le premier Ashantihéné (chef des Ashanti) et établira sa capitale à Kumasi.

Le royaume Ashanti est un état fédéral composé de provinces disposant chacune d'une grande autonomie et calquant leur organisation interne sur celle de l'état central. Chaque province membre de la fédération est dirigée par un Héné (chef), ceux-ci étant représentés au sein d'un conseil chargé de prendre certaines grandes décisions (taxes, guerres). A côté de ce conseil représentatif des entités fédérées, un conseil des anciens est chargé d'assister l'Ashantihéné dans l'administration du royaume. Comme le fondateur du royaume tous les rois sont élus au sein de la branche du clan matrilinéaire OYOKO et leur désignation est confiée à la reine mère ; en effet c'est elle qui choisit parmi les différents prétendants le prochain Ashantihéné. Son choix est ensuite soumis à l'approbation du conseil des anciens. Cette prérogative attribuée à la reine mère fait d'elle un personnage central du dispositif politique Ashanti, elle est sans doute la femme la plus puissante du royaume

Loin de la perception mythologique contemporaine de la femme africaine qui cantonne celle-ci à un rôle négligeable, le royaume Ashanti nous rappelle que nos mères ont toujours eu une position de pouvoir tant dans les organes politiques que dans les sociétés africaines.

 

... elle finit toujours par émerger...

Sous le règne d'Oséi Kodjo (1765-1777) une série de réformes que l'on va appeler « Révolution Kodjoienne » va bouleverser l'organisation interne de la fédération. Cette révolution restée dans la mémoire du peuple Ashanti va permettre l'avènement d'une nouvelle administration plus forte composée de hauts fonctionnaires nommés par le roi et chargés de gérer les affaires administratives du royaume.

La gestion financière du royaume est confiée à un grand argentier entouré d'une équipe de comptables qui étaient en charge des tribus , des douanes, des péages et de la capitation. La collecte de cette manne financière était repartie de manière précise selon les différents postes budgétaires du royaume. Cette organisation a permis au royaume d'affirmer sa domination et de se positionner comme une puissance régionale sur le plan économique.

Ouvert sur le monde, l'état Ashanti va faire appel à des compétences étrangères pour améliorer et rendre plus efficace l'organisation du royaume. C'est ainsi que des européens vont être nommés hauts fonctionnaires et des scribes musulmans vont être appelés pour perfectionner le système de statistique.

En plus d'une administration forte et bien organisée le royaume Ashanti va conforter sa puissance régionale en mettant en place une diplomatie efficace. Ses ambassadeurs étaient sélectionnés parmi les roturiers du royaume pour leur esprit et la puissance de leur dialectique et faisaient rayonner l'Ashanti au delà de ses frontières.

Loin du mythe d'une Afrique constituée de tribus sauvages, désorganisées ,désunies et fermées, l'histoire des Ashanti, son administration et son organisation politique montrent que l’Afrique a su dépasser l'idée tribale pour accéder à la réalité abstraite de l’État et de la nation et s'ouvrir au monde en l'influençant et en s'y inspirant.

 

et s'imposer car elle ne peut être contestée.

En cette fin du XVII les principales armées des royaumes africains sont équipées d'armes à feu, celles-ci sont apparues grâce aux marchands arabes et européens présents sur le continent. Les royaumes d’Afrique comprennent rapidement l’intérêt pour eux de doter leurs armées de telles armes. La fédération Ashanti va alors s'équiper de plusieurs armes à feu afin de rivaliser avec les autres royaumes mais surtout avec les européens notamment les anglais qui se font de plus en plus menaçants.

Ainsi après les guerres face aux autres royaumes qui lui permettent d'élargir ses frontières qui s'étendaient alors des pays Gourounsi et Gondja à la côte et de Grand-lahou (Côte d'Ivoire) à petit popo ( Togo), la fédération Ashanti va rentrer en conflit avec la couronne britannique qui ne voit pas d'un très bon œil la suprématie de celui-ci.

En 1824 sous l'impulsion de l'Ashantihéhé Oséi Bounsou dit « la baleine », l'armée Ashanti rentre en guerre contre la couronne britannique. Cette première confrontation qui aura pour point d'orgue la bataille de Bonsaso tourne au désastre pour l'armée britannique qui se fait laminer par le génie militaire Oséi Bounsou «  la baleine ». En 1863 une nouvelle guerre éclate. L'Ashantihéné Kwakou Dwa décime les anglais à Assikouma et à Bobikouma. Ces victoires fortifient la fédération et son prestige se fait plus grand.

A la fin du XIX siècle l'entreprise de colonisation débute dans l'ouest du continent. Malgré leur hargne, les anglais n'arrivent pas à soumettre la fédération Ashanti comme c'est le cas de certains royaumes voisins. Face à cette impasse les anglais ont recours à la seule arme qu'ils manient à la perfection, celle de la lâcheté et de la tromperie. Attendu pour un entretien de paix avec l'Ashantihéné Kwakou Dwa III le gouverneur anglais entre à la tête d'une forte armée dans Kumasi. Prises de court, les armés de Kwakou Dwa sont vaincues.

Loin du mythe de l'africain armé de lances et de flèches qui ne disposait pas d'armes à feu, loin du mythe d'une prétendue supériorité militaire européenne, les victoires sur le champs de bataille des armées Ashanti viennent nous rappeler le génie de nos pères et battre d'un revers de la main la prétendue facilité avec laquelle les colons nous auraient vaincus.

 

Désormais seul les ignorants pourront dire que « le drame de l'Afrique c'est que l'homme africain n'est pas assez rentré dans l'histoire »

 

Je suis Ashanti

Nous sommes Ashanti

Que l'Afrique retienne le nom de ses héros

 

NJA

 

 


06/01/2016
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Les échos du passé

Le temps est venu de rétablir notre vérité historique. Rappelons nous donc ensemble d'un des royaumes les plus puissants d'Afrique de l'ouest. Racontons avec fierté l'histoire du royaume d'Abomey.

 Aussi longtemps que les lions n'auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur.

UNE ORIGINE

C'est à partir du XVII siècle que s’éleva sur une partie du Bénin actuelle le royaume d'Abomey.

Voici comment surgit du bruissement de l'histoire ce puissant royaume : la dynastie d'Abomey a pour origine le royaume de TADO, royauté située sur la rive droite du fleuve mono.

Les anciens nous racontent que Tenou Guessou alors roi du TADO épousa une femme appelée Gbekpo qui avait le pouvoir de se métamorphoser en panthère. De leur union naquit de nombreux descendants mais l'un d'eux appelé Adjahounto marqua de son empreinte le cours de l'histoire. A la mort de leur père Tenou Guessou , une querelle de succession divisa les fils du roi, Adjahounto n'eut d'autre choix que celui de quitter le royaume de son père. Il trouva alors refuge dans la région de togo-goussa où il fonda le royaume d'ALLADA.

Adjahounto eu trois fils mais à sa mort un conflit éclata entre ces derniers pour la succession au trône d'ALLADA. Pour régler le conflit les trois frères trouvèrent une solution de consensus. L'un d'eux prit la sucession de son père sur le trône d'ALLADA. Le second prit la direction d'Adaché, fonda le royaume de Porto-Novo et prit le nom de Te-Agbanlin. Le troisième Do-aklin partit vers le nord et créa le royaume d'Abomey. Mais c'est son petit fils Houegbadja qui fit du royaume d'Abomey un état fort et puissant.

 Lorsque tu ne sais pas où tu vas,regarde d’où tu viens

 UNE ORGANISATION

 L'organisation du royaume d'Abomey ne fut soumise à aucune influence externe.

La société d'Abomey était rigoureusement hiérarchisée avec une structure politique fortement centralisée et composée de roturiers soumis à l'autorité royale.

Pour administrer son royaume le roi s'entoura d'un Migan siégeant à sa droite et d'un Mehou siégeant à sa gauche tout deux remplissant les fonctions de premier ministre. En dessous du Migan et du Mehou on retrouve des ministres aux compétences bien définies comme le ministre des cultes ( Aplogan), le ministre des finances, le chef de la police, le ministre chargé des problèmes fonciers (Tokpon) et par la suite un ministre des «blancs» (Yévognan).

Les femmes jouèrent un rôle important dans l'histoire de ce royaume. Au sein de la structure politique, des femmes étaient nommées par le roi afin qu'elles exercent un contrôle sur les activités des principaux dirigeants. Elle furent aussi à l'origine de nombreuses victoires militaires car c'est au royaume d'Abomey que fut créée la légendaire armée des amazones composée uniquement de femmes, la plupart vierges ou astreintes au célibat. Elles étaient lancées dans la bataille pendant les moments difficiles pour faire fléchir les dieux du combat.

Les troupes poppo qu'elles vainquirent se souviennent encore de leur bravoure et de leur puissance...

Fort de cette organisation rigoureuse et efficace le royaume d'Abomey va connaître une croissance sous l'impulsion des successeurs d'Houegbadja qui ne cesseront de faire croître ses frontières. En 1724 Abomey annexa le royaume d'ALLADA et en 1727 OUIDAH , suite à ces annexions le royaume prit alors le nom de Dahomey.

 C'est au bout de la vieille corde qu'on tisse la nouvelle.

 UN HOMME

En 1818 une étoile accéda au trône du Dahomey...

A cette date le prince Ghezo fut couronné roi du Dahomey et choisi pour devise la tirade suivante :  «  la jarre contient l'eau qui donnera au pays le bonheur. Si tous les enfants venaient par leurs doigts assemblés à en boucher les trous, l'eau de ne coulerait plus et le pays serait sauvé »

Durant son règne il rétablit la paix civile, s'employa à raffermir l’administration en épurant la bureaucratie royale, rationalisa la collecte des impôts et mis en place des statistiques démographiques.

Sous ses ordres, son ministre de l'agriculture imposa aux villages des plantations obligatoires et encouragea la vulgarisation et la production de nouvelles cultures vivrières provenant d’Amérique (ex manioc). Il favorisa également le commerce de l'huile de palme qui participa à l'essor économique de l'état. Ghézo se révéla être un grand économiste.

Sur le plan militaire il rationalisa l'organisation des contingents, modernisa les équipements de son armée et donna une place encore plus importante aux amazones. Véritable génie militaire, il remporta de nombreuses victoires notamment contre les yoroubas du royaume d'oyo.

Homme érudit et curieux, il encourageait les arts au sein de la cour et portait un intérêt particulier aux cultures étrangères.

Après 40 ans de règne éclairé Ghézo rejoignit la constellation des grandes étoiles africaines...

 Le buffle puissant traverse le pays et rien ne peut l'arrêter ou s'opposer à lui

 Mais en 1892 après une résistance farouche des descendants de Ghézo, le royaume du Dahomey tomba aux mains des voleurs de terres

Mais la sagesse africaine nous enseigne que L'éléphant meurt, mais ses défenses demeurent.

je suis Ghézo

Nous sommes Ghézo

Que l’Afrique retienne le nom de ses Héros


NJA

Sources :

- Histoire de l'Afrique noire , Joseph ki-zerbo , Hatier

Universalis, «DAHOMEY ROYAUME DU (XVIIIe-XIXe s.)»,Encyclopædia Universalis


18/06/2013
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Le dernier Almamy

A la fin du 18ieme siècle sur les terres de la Guinée actuelle s'élevait le grand royaume du Fouta. Fondé par l'illustre Karamoko Alfa (alfaya) et par son compagnon Ibrahima Sori (soriya) .

L’Almamy (chef) du Fouta est désigné par un conseil des anciens et est ensuite investi Almamy dans la cité sainte de Fougoumba Il exerce le pouvoir politique , administratif et judiciaire dans un cadre collégial dans la capitale politique du Fouta : Timbo.

Une particularité du royaume est qu’il est dirigé en alternance. En effet un système a été mis  en place dans lequel les descendants Alfaya et Soriya occupent chacun le pouvoir sur une période de 2 ans.

Le royaume est divisé en 9 diiwe (provinces) dirigé par un gouverneur qui jouit d'une certaine autonomie dans la direction des affaires de sa province.

L'histoire du Fouta sera marquée par le destin de grands hommes notamment l'Almamy Bocar biro «celui qui ne fuit pas et qui ne craint jamais».

Descendant de l'Almamy Oumar du clan des Soriyas, il va mener une guerre fratricide contre son frère Alfa Mamadou Paté pour avoir le contrôle du royaume du Fouta. Grâce à une ruse il réussit à se faire investir à Fougoumba par une partie du conseil des anciens pendant que son frère Alfa Mamadou Paté se voit lui aussi couronner par l'autre partie du conseil et les chefs des diiwe dans la ville de Bhouriya.

Face à cette confusion à la tête de l'Etat, la guerre semble être le seul moyen de départager les deux frères.

Le conflit armé aura lieu à Timbo, capitale du Fouta et se soldera par la victoire du grand Bocar Biro qui pouvait enfin devenir Almamy du Fouta.

Au début de son règne l'Almamy doit faire face à une conspiration interne contre lui, emmenée par Alfa Ibrahima, Mody Abdoulaye (frere de Alfa Mamadou Paté) et le chef de la province du labé Alfa Yaya.

Lors de la bataille de Bantinhel le 13 décembre 1895 opposant Bocar Biro aux conspirateurs l'avantage sera pris par les traîtres qui croyant avoir tué l'Almamy se rendirent à Fougoumba pour élire un nouvel Almamy.

Quelque temps plus tard l'Almamy fut aperçu vivant. La joie des traitres se transforma en terreur.

Fidèle à sa renommé de grand guerrier qui refuse la Défaite Bocar Biro prépara sa revanche.

Celle-ci aura lieu lors de la bataille de Petel Djiga ( rocher du charognard). La victoire fut totale pour l'Almamy qui décima ses adversaires et dit à la fin de la bataille « on ne peut blesser une panthère et retourner se coucher comme si de rien n'était, cela est impossible»

Fidèle à son statut de grand guerrier l'almamy rentre à Timbo en héros et assoit son autorité sur tout le Fouta. Le Lion Bocar est de retour.

Après les querelles internes un autre combat attend l'Almamy celui contre l'envahisseur français. Farouchement attaché à l’indépendance de son royaume il refuse tout accord avec les français.

Face à l'intransigeance de Bocar Biro quis'oppose à toute forme de soumission, les français décident de soumettre le Fouta par la manière forte.

Bocar Biro «celui qui ne fuit pas et qui ne craint jamais» accepta son destin et décida de mener la bataille la plus importante de son histoire, celle pour l'honneur et l’indépendance du Fouta.

L'histoire s’écrira donc lors de la bataille de Poredaka , les grands guerriers du Fouta alliés aux sofas de l'illustre résistant Samory Touré faisaient face aux troupes de l'envahisseur.

La bataille fut épique mais malgré toute sa volonté et son courage l'Almamy tomba et avec lui le Fouta sous les coups des voleurs de terres.

Ainsi se termine l'histoire du lion du Fouta.

Héros de la lutte, résistant incorruptible, Bocar Biro demeure un exemple de dignité.

Un de ses adversaires dira de lui : «On ne saurait dénier à Bicar Biro l'âme d'un grand patriote, jamais il n'admit un instant que la tutelle de l'étranger pût s'exercer sur son pays, à aucun moment de sa vie il ne songea à faire appel à lui pour remédier aux vicissitudes de sa fortune»

 

Je suis BOCAR BIRO

Nous sommes BOCAR BIRO

QUE L'AFRIQUE RETIENNE LE NOM DE SES HEROS

conseil de lecture : le Roi de Kahel de Tierno Monénembo

NJA


18/06/2013
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Mansa

Depuis maintenant plus de huit siècles les griots de la lignée des Kouyaté racontent l'histoire de celui que l'on appelle le Lion du Mandingue : Soundjata Keita Mansa (roi des rois) de l'empire Mandé.

Ecoutons Balla Fasséké premier de la lignée des Kouyaté, griot du Mansa, nous raconter une partie de cette histoire :

C'est en l'an 1190 que naquit Soundjata keita , fils du roi du Mandé Naré Maghann Konaté et de la femme-buffle Sogolon Koudouma.

Après une enfance difficile due à son infirmité il fuit le royaume de son père chassé par sa belle mère pour se réfugier dans le royaume de Nema où il apprend l'art de la guerre et devint un combattant d'exception sans nul égal.

C'est lors de son exil qu'il apprend que le royaume de son père a été dévasté et est désormais sous la domination du roi-sorcier Soumangourou Kanté alors Empereur du Sosso.

Désireux de libérer son peuple du joug du roi sorcier le lion du Mandingue va lever une grande armée et fédérer autour de lui d'autres royaumes sous domination. C'est le début d'une guerre épique opposant deux guerriers d'exception.

Le sort de cette guerre se jouera lors de la sanglante bataille de Kirina en 1235 qui se solda par la victoire de Soundjata : L'empire du Mandé venait de naitre.

Afin de donner à son nouvel empire des bases solides Soundjata va réunir autour de lui les notables de l'empire afin d'élaborer une charte pour régir la vie de sa communauté.

C'est ainsi que va naitre le Dunya Makilikan (Injonction au Monde) ,véritable déclaration des droits humains et acte fondateur de l'empire du mandé. Cette déclaration se positionne comme un acte révolutionnaire voulu par un homme d'exception: Soundjata Keita.

«toutes ces paroles m'ont été donnée pure de tout mensonge

je l'ai donc transmise sans altération aucune»

Ecoutons Balla Fasséké nous lire l'injonction au monde:

1. Les chasseurs déclarent :

Toute vie (humaine) est une vie

Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie,

Mais une vie n’est pas plus « ancienne », plus respectable qu’une autre vie,

De même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie.

2. Les chasseurs déclarent :

Toute vie étant une vie,

Tout tort causé à une vie exige réparation.

Par conséquent,

Que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin,

Que nul ne cause du tort à son prochain,

Que nul ne martyrise son semblable.

3. Les chasseurs déclarent :

Que chacun veille sur son prochain,

Que chacun vénère ses géniteurs,

Que chacun éduque comme il se doit ses enfants,

Que chacun « entretienne », pourvoie aux besoins des membres de sa famille.

4. Les chasseurs déclarent :

Que chacun veille sur le pays de ses pères.

Par pays ou patrie, faso,

Il faut entendre aussi et surtout les hommes ;

Car « tout pays, toute terre qui verrait les hommes disparaître de sa surface

Deviendrait aussitôt nostalgique ».

5. Les chasseurs déclarent :

La faim n’est pas une bonne chose,

L’esclavage n’est pas non plus une bonne chose ;

Il n’y a pas pire calamité que ces choses-là,

Dans ce bas monde.

Tant que nous détiendrons le carquois et l’arc,

La faim ne tuera plus personne au Mandé,

Si d’aventure la famine venait à sévir ;

La guerre ne détruira plus jamais de village

Pour y prélever des esclaves ;

C’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable

Pour aller le vendre ;

Personne ne sera non plus battu,

A fortiori mis à mort,

Parce qu’il est fils d’esclave.

6. Les chasseurs déclarent :

L’essence de l’esclavage est éteinte ce jour,

« D’un mur à l’autre », d’une frontière à l’autre du Mandé ;

La razzia est bannie à compter de ce jour au Mandé ;

Les tourments nés de ces horreurs sont finis à partir de ce jour au Mandé.

Quelle épreuve que le tourment !

Surtout lorsque l’opprimé ne dispose d’aucun recours.

L’esclave ne jouit d’aucune considération,

Nulle part dans le monde.

7. Les gens d’autrefois nous disent :

« L’homme en tant qu’individu

Fait d’os et de chair,

De moelle et de nerfs,

De peau recouverte de poils et de cheveux,

Se nourrit d’aliments et de boissons ;

Mais son « âme », son esprit vit de trois choses :

Voir qui il a envie de voir,

Dire ce qu’il a envie de dire

Et faire ce qu’il a envie de faire ;

Si une seule de ces choses venait à manquer à l’âme humaine,

Elle en souffrirait et s’étiolerait sûrement.»

En conséquence, les chasseurs déclarent :

Chacun dispose désormais de sa personne,

Chacun est libre de ses actes,

Chacun dispose désormais des fruits de son travail.

Tel est le serment du Manden

A l’adresse des oreilles du monde tout entier

«toutes ces paroles m'ont été donnée pure de tout mensonge

je l'ai donc transmise sans altération aucune»

Que faisons nous de l’héritage puissant que nous laisse le lion du Mandingue ?

Comment les descendants de Soundjata peuvent-ils se construire s'ils ignorent et rejettent l'histoire qui est la leur ?

Le retour vers la connaissance du passé n'est pas synonyme d’hérésie mais une simple volonté de créer un futur sur des bases qui nous sont propres.

Le but ici est de rechercher à vaincre l'influence du modèle occidental pour se construire grâce à celle de notre histoire.

Il nous faut comprendre que le temps est venu de penser par nous mêmes comme l'ont fait les chasseurs du Mandé.

N'ayons pas peur des défis et rappelons nous que l’Europe a su, à un moment donné de son histoire, se tourner vers Athènes et la Grèce antique afin de se créer cette civilisation dont elle est fière.

Sans une connaissance et une interprétation lucides du passé, le futur d'un peuple ou d'une nation ne peut s'écrire dans la vérité.

 

Je suis Soundjata Keita

Nous sommes Soundjata Keita

Que l'Afrique retienne le nom de ses Héros

 

NJA


18/06/2013
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